Les deux chambres du Parlement sont convoquées pour une réunion Les propositions de sortie de crise politique commencent à converger. Quel scénario pour la transition démocratique? La procédure de désignation du chef d'Etat intérimaire est passée à la vitesse supérieure. La mise en application de l'article 102 de la Constitution sera votée, ce mardi, par la plénière. Il s'agit de la désignation du président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah comme chef d'Etat intérimaire pour une durée de 90 jours. Les deux chambres du Parlement sont convoquées pour une réunion, aujourd'hui, au Palais des nations à Club des Pins (Alger), pour constater la vacance définitive de la présidence de la République, une semaine, après la démission du président Bouteflika. Le Conseil constitutionnel, qui a constaté, mercredi dernier, cette vacance, a transmis la déclaration de vacance au Parlement. Les bureaux des deux chambres se sont réunis, ce jeudi, pour installer la commission mixte chargée de préparer le règlement intérieur de la réunion d'aujourd'hui. L'ancien ministre des Transports, le membre le plus âgé du Sénat Salah Goudjil, un octogénaire et apparatchik de l'ex-parti unique a été désigné conformement aux dispositions légales, pour présider cette commission qui s'est réunie, avant-hier, pour élaborer et adopter le règlement intérieur de la séance parlementaire d'aujourd'hui. Si Abdelkader Bensalah décide de jeter l'éponge, la réunion en congrès des deux chambres sera reportée pour après l'élection d'un nouveau président du Conseil de la nation. Tous les députés et sénateurs des partis de l'opposition siégeant au Parlement, dont le FFS, le RCD, le MSP seront absents à cette séance. D'après ces partis, une présence à cette réunion équivaudrait à cautionner la désignation de Bensalah comme président de la République par intérim. Cependant, cette démarche liée à l'activation de l'article 102 de la Constitution amendée de 2016, est complètement rejetée par le mouvement populaire et tous les acteurs politiques de l'opposition. Cette méthode est dénoncée, car les deux chambres constituent les deux béquilles institutionnelles du régime. La demande du mouvement populaire n'a toujours pas eu de réponse de la part de l'homme fort du moment, en l'occurrence, le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah. Le vice-ministre d la Défense nationale est désormais en première ligne face à la rue. Contrairement à certains partis qui se montrent pressés à aller à l'élection présidentielle dans trois mois, pour combler le vide constitutionnel en matière de présidence de la République, d'autres veulent y aller doucement. Les propositions de sortie de crise politique formulées lors des débats du processus constituant commencent à converger. Pour beaucoup, «l'élection présidentielle doit être précédée par l'élection d'une Assemblée constituante et l'organisation d'un référendum devant valider la nouvelle Constitution». A ce propos, dans sa feuille de route de sortie de crise, le RCD propose l'élection d'une haute instance de transition qui sera composée d'un magistrat, d'un universitaire et d'un syndicaliste, élus par leurs pairs. D'autres partis proposent l'élection d'une Assemblée constituante qui rédigera la future Constitution algérienne, tout en signant au préalable un nouveau pacte historique national. Ce genre de transition a été déjà menée en Tunisie et en Afrique du Sud. Par ailleurs, la démarche liée à l'article 102 est qualifiée de «manoeuvre dilatoire pour lustrer le système et le sauver». En tout cas, même les parties ou partis qui se sont alignés sur la position de l'armée ont été disqualifiés. «La transition n'a pas de délais et doit prendre le temps qu'il faut pour garantir la mise en place des préalables démocratiques sans lesquels aucune avancée n'est possible», indique-t-on. Pour l'heure, rien ne présage que l'institution militaire va abandonner la procédure d'intérim. de nombreux observateurs n'écartent pas une «confrontation» directe avec Gaïd Salah. Selon d'autres hommes politiques «cette démarche ramènera l'Algérie à la case départ, soit à l'avant-22 février. La décision de maintenir l'application de l'article 102, montre que l'institution militaire et le mouvement divergent totalement sur la manière et les objectifs à atteindre.