La région de Djelfa compte certainement parmi celles qui possèdent la plus importante part du marché national de la viande ovine si elle n'occupe pas le premier rang! Il faut remonter très loin pour savoir que le pastoralisme occupait déjà une place prépondérante dans l'activité humaine chez les autochtones. Ce métier continue de se développer de manière extraordinaire, seulement autrefois, c'était chacun son rayon et les métiers étaient bien respectés. On comptait distinctement les éleveurs, les maquignons, les chevillards et enfin les bouchers. Aujourd'hui, la confusion est telle que chacun se voit libre de mettre les bouchées quadruples associant quatre segments en un et assurant même le transport des carcasses sans passer par l'abattoir municipal. Facile tant que l'estampillage reste une simple règle et l'organe de contrôle, un épouvantail. Que font les services vétérinaires et surtout l'association de défense des droits du consommateur? Conséquence, le phénomène de l'abattage clandestin prend une dimension effrayante et si jusque-là, on n'a pas enregistré d'empoisonnement alimentaire, c'est parce que ces cas passent souvent inaperçus dans la région. Le marché de l'abattage est certes détenu par un particulier, un adjudicataire qui fait bien ses comptes. En acceptant l'abattage qui est immergé dans le marché global et dont il sait par expérience qu'il n'en tirera pas profit, celui-ci table sur les autres rubriques qui sont plus intéressantes. Il y a une vingtaine d'années, on abattait officiellement plus d'un millier de bêtes alors que la population était dix fois moins importante, actuellement on est très en deçà de ce chiffre! La vente de viande qui ne passe pas par le circuit formel a pignon sur rue à tel point que nul ne lui reconnaît son caractère prohibitif. Ces clandestins qui alimentent aussi certains bouchers légalement installés sont devenus les maîtres sur la place du marché des viandes, apprenant vite les réflexes de la vie urbaine. Qui osera les défier?