Les milices pro-GNA inspectent les véhicules confisqués de l'ANL Fayez al-Serraj a formé un nouveau QG de commandement militaire dirigé par Oussama Jouaili, chef des milices de Zintan. Mais le face-à-face reste très confus, les deux camps étant présents dans presque chacune des villes libyennes. Le Conseil de sécurité devait se pencher hier pour la seconde fois sur la situation qui règne en Libye où les combats entre les forces du GNA de Fayez al Serraj et celles de l'ANL autoproclamée du maréchal Khalifa Haftar gagnaient en intensité sans que l'on sache si réellement la capitale se trouve sous la menace des troupes venues de l'est du pays. Lancée jeudi dernier à l'assaut de Tripoli, l'Armée nationale libyenne autoproclamée du maréchal Haftar depuis dimanche dernier à une farouche résistance des différentes milices islamistes qui composent le bras armé du GNA, notamment la Brigade de défense de Tripoli et les puissantes milices de Misrata, Zintan et Zawiya. Selon l'agence officielle de presse LANA, le Conseil des ministres du gouvernement de consensus national a tenu mardi dernier une réunion extraordinaire, sous la présidence du de Fayez al-Serraj, des deux vice-présidents Ahmed Mitig et Abdusalam Kadjman et des deux membres du conseil Mohamed al-Amarri Zaïd et Ahmed Hamza ainsi que plusieurs ministres. Cette réunion, tenue à Tripoli, a été consacrée aux derniers développements politiques et militaires et aux «conséquences de l'agression qui vise la capitale du pays Tripoli et un certain nombre de villes libyennes menée par des forces hostiles». Parmi les mesures d'urgence arrêtées au cours de ce conseil, il a été décidé une aide immédiate aux milliers de déplacés dans la région de la Tripolitaine, notamment au plan médical, sous l'égide des municipalités. De son côté, l'ANL a affirmé s'être emparé d'une caserne située à une cinquantaine de km au sud de la capitale. «Après de violents affrontements autour de la caserne du 4e Bataillon à Aziziya (...), les forces armées ont pris le contrôle de la caserne», a indiqué le bureau média de l'ANL sur sa page Facebook. Plusieurs membres des forces pro-GNA auraient été appréhendés et leurs armes saisies, selon la même source. Les forces du maréchal Haftar tentent la progression sur deux axes: par le sud et le sud-est, tandis qu'à l'ouest, la route côtière est défendue avec force par les troupes loyalistes et à l'est par les combattants de la ville de Misrata, pro-GNA. En outre, l'aéroport international de Tripoli, distant de 30 km de la capitale, est également le théâtre de violents combats à l'arme lourde après avoir subi un raid aérien de l'ANL mardi dernier. Les combats font rage aussi à une dizaine de km au sud-est de Tripoli, les bombardements secouant le secteur d'Ain Zara. Les forces pro-GNA ont pris position dans cette localité où les civils se retrouvent contraints de se barricader. Alors que le ministère de la santé du GNA parlait dimanche soir d'au moins 35 personnes, les forces de Haftar reconnaissent 14 morts parmi leurs combattants. Depuis, il n'y a eu aucun autre bilan alors que la mission de l'ONU en Libye a annoncé le report de la Conférence nationale libyenne prévue du 14 au 16 avril à Ghadamès, signe que le processus politique est bel et bien compromis par cette offensive inattendue du maréchal Haftar. Cette importante réunion était en gestation depuis de nombreux mois et elle devait permettre aux parties libyennes de sceller un pacte consensuel pour sortir définitivement de la crise. Khalifa Haftar en a décidé autrement, soutenu par certaines puissances et certains Etats dont les intérêts et les calculs font fi des attentes du peuple libyen. «Nous ne pouvons pas demander aux Libyens de participer à la Conférence, au moment où les canons tirent et des raids aériens sont menés», a ainsi déploré l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, dans un communiqué. Il s'est justifié hier face au Conseil de sécurité de l'ONU, lors d'une séance en urgence et à huis clos dont il ne fallait pas attendre grand-chose du fait des avis divergents des principaux membres. Le porte-parole de l'ANL, le général Ahmad al-Mesmari, a tenté encore hier de justifier l'offensive décidée par le maréchal Haftar en accusant le GNA et Fayez al Serraj d' «alliance avec des milices islamistes». «La bataille n'est plus aux mains de (Fayez) al-Sarraj. Elle est désormais aux mains des terroristes», a-t-il affirmé mardi. La communauté internationale craint un nouvel embrasement de la Libye et des conséquences désastreuses sur les pays voisins. Mais les rivalités et les rancoeurs entre, d'une part, le pôle néomilitaire incarné par Haftar et l'ANL et, d'autre part, le pôle islamiste en soutien du GNA d'al Serraj sont telles qu'on voit mal comment parvenir à la (ré)conciliation. L'ANL compte pas moins de 70 000 hommes dont un grand nombre d'anciens officiers d'El Gueddafi, des miliciens de l'est et des suppléants salafistes. Quant aux milices de la Tripolitaine, elles alignent elles aussi les mêmes capacités en terme d'hommes et de matériels, même si leur idéologie s'est peu à peu effacée au profit des seuls intérêts matériels.