La démission du président du Conseil constitutionnel suivie du discours du chef de l'état-major n'a laissé indifférent ni partis politiques ni personnalités. Unanimes, ils estiment que la chute de Belaïz entraînera celle des autres figures du système. Beaucoup partagent l'analyse de Gaïd Salah. MSP : «Un pas essentiel» « La démission de Tayeb Belaïz constitue un pas essentiel sur le chemin de la solution. C'est une étape conforme aux exigences du mouvement populaire et à la proposition de sortie de crise initiée par le parti. C'est un pas essentiel dans la recherche d'une solution s'il existe une réelle volonté politique, à condition qu'une personnalité consensuelle, acceptée par le peuple, non impliquée dans la corruption et la fraude, le remplace. Elle doit être suivie par la démission de Bensalah et qui sera remplacé par cette personnalité consensuelle conformément à une lecture élargie des articles de la Constitution et le départ du gouvernement Bedoui et son remplacement par un gouvernement de consensus composé de personnalités indépendantes non impliquées dans la corruption et la fraude.» Hakim Belahcel, premier secrétaire du FFS : «Une autre bataille remportée» « La formidable mobilisation citoyenne vient de remporter une autre bataille. Elle vient de briser une autre façade du système politique algérien, incarnée par le président du Conseil constitutionnel Tayeb Belaïz. Le Front des forces socialistes félicite le vaillant peuple algérien pour sa détermination et son courage. Car, face aux assauts violents et répressifs du pouvoir, les Algériennes et les Algériens ont su et pu maintenir le cap en persévérant dans leur combat pacifique pour imposer un changement radical du régime algérien totalitaire .Le FFS considère que le véritable changement s'amorcera enfin, lorsque cette déferlante populaire réussira à déraciner le régime politique intégralement. Le FFS interpelle l'institution militaire détentrice du pouvoir réel depuis 1962, à assumer son rôle et ses missions, à savoir l'unité du peuple algérien, l'intégrité territoriale, la sécurité nationale, et d'être garante du respect d'un véritable processus de transition démocratique à la hauteur des revendications du peuple algérien pour son droit à l'autodétermination .» Ali Benflis, président de Talaie El HouriEte : «Un feu de paille» « La démission du président du Conseil constitutionnel a ravivé l'espoir et entretenu l'optimisme quant à l'amorce d'un règlement véritable de cette crise. Malheureusement, cet espoir a été un feu de paille et l'optimisme a rapidement tourné court. En effet, tout indique que la démission du président du Conseil constitutionnel et la nomination de son successeur n'ont pas été saisies comme une chance pour entamer la mise en œuvre des articles 7 et 8 en complément à l'article 102 de la Constitution. La problématique du départ des figures emblématiques du régime politique est au cœur de l'impasse actuelle. Il faut bien se convaincre qu'il n'y a pas de sortie de cette impasse en dehors du départ de ces figures emblématiques dont le nom est associé aux pires échecs, dérives et turpitudes d'un régime politique dont le peuple algérien veut se débarrasser au plus tôt et qu'il veut effacer définitivement de la mémoire nationale collective. Dans son discours prononcé hier à Ouargla, le chef d'état-major de l'ANP a assuré, par deux fois, que toutes les perspectives du règlement de la crise restaient ouvertes. Les conditions de la démission du président du Conseil constitutionnel et de la nomination de son successeur sont venues boucher une partie de cette perspective. Il y a lieu d'espérer que ces perspectives restent assez larges pour inclure la démarche globale et cohérente qu'il y a lieu d'adopter en urgence pour mettre rapidement le pays à l'abri d'une crise dont les développements potentiellement périlleux ont été contenus jusqu'ici et qu'il convient de conjurer définitivement par la prise en charge diligente et effective des aspirations légitimes du peuple algérien. » Louisa Hanoune, SG du PT : «Il faut rester vigilant» «Le président du Conseil constitutionnel vient de démissionner. Une question se pose. Cette démission est-elle venue pour répondre aux revendications de la majorité réclamant le départ de tous les symboles du régime ? Si cette démission répond à une demande populaire, elle constitue une victoire du peuple révolté. Mais, cette démission ne constitue-t-elle pas une manœuvre qui vise à imposer une élection présidentielle le 4 juillet prochain, par ailleurs rejetée ? Si cette démission s'inscrit dans le cadre de la présidentielle, il faut rester vigilant, car ils sont passés maîtres dans l'art de la diversion. Ceci dit, depuis le 22 février, la majorité des Algériens sont doués d'une maturité politique.» Mokrane Aït Larbi : «La révolution pacifique doit se poursuivre» « Après la chute de Bouteflika, le président du Conseil constitutionnel est tombé aujourd'hui et demain toutes les autres têtes du régime vont tomber grâce au peuple. La révolution pacifique doit se poursuivre .» Mustapha Bouchachi : «Un pas positif» « C'est un pas positif mais pas suffisant parce que les revendications du peuple, c'est le départ de tous les acteurs du régime. S'ils ne veulent pas pousser au pourrissement, Bedoui, Bensalah et Bouchareb doivent également démissionner, c'est une question de dignité puisque 20 millions d'Algériens ne veulent pas d'eux. On a bien vu comment les ministres ont été accueillis lors de leurs déplacements .» Ahmed Benbitour : «Il faut trouver des solutions» « C'est un pas mais ça nous intéresse et il faut se poser des questions. Moi, j'ai toujours dit que dans les situations exceptionnelles, il fallait avoir des lectures souples des articles de la Constitution. Aujourd'hui en démissionnant, constitutionnellement, le chef de l'Etat ne peut pas désigner quelqu'un d'autre à sa place. Il faut trouver des solutions pour sauvegarder la Nation. Actuellement, on est dans la lecture stricte du 102 sans les 7 et 8 .» N. I.