Haftar reste sourd aux appels de la communauté internationale «Il y a des divisions. Elles sont claires, que ce soit au Conseil de sécurité ou des organisations régionales, la Ligue arabe, l'Union africaine ou l'Union uropéenne», a déploré le MAE libyen, Mohamad Tahar Siala. Des milliers de Libyens sont sortis vendredi dans les principales villes du pays pour manifester contre l'agression militaire lancée par les troupes de Khalifa Haftar pour contrôler la capitale Tripoli. Les manifestations pacifiques organisées notamment à Tripoli et Misrata, retransmises en direct par des chaines de télévisions locales, ont drainé des foules imposantes en cette journée printanière. Plusieurs intervenants ont pris la parole rejetant à l'unanimité la «guerre contre la capitale» ainsi que «le coup d'Etat contre les autorités civiles du pays». «Haftar est un criminel de guerre», «Non à la militarisation du pouvoir», «Non au remplacement d'un dictateur par un autre», «Tous ensemble derrière le gouvernement d'union nationale»,» Non au pouvoir des militaires», «Oui pour une Libye, Etat civil», pouvait-on notamment lire sur les banderoles brandies à l'occasion par les manifestants. Avec une Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée, le maréchal Khalifa Haftar a lancé le 4 avril des hostilités pour s'emparer de Tripoli, siège du gouvernement d'union nationale (GNA), dirigé par Fayez al-Sarraj et reconnu par la communauté internationale. En face, les forces pro-GNA ont affiché leur détermination à faire cesser cette agression. L'armée loyale s'est aussi engagée à venir en aide aux citoyens pris au piège des combats qui ont fait des dizaines de morts et déplacé des milliers de personnes. Par ailleurs, les appels de la communauté internationale à la désescalade se multiplient pour ouvrir la voie à la tenue de la Conférence nationale, prévue initialement à la mi-avril mais reportée sine die. Cette conférence avait pour objectif de dresser une feuille de route en vue de mettre fin à la période de transition chaotique qui perdure depuis la chute du régime de Maâmar el-Gueddafi en 2011. L'ONU réclame une «pause humanitaire» dans les combats aux abords de Tripoli, afin de faciliter le départ des civils et apporter une aide à ceux qui restent, a déclaré vendredi son porte-parole, Stéphane Dujarric. «Les combats continuent» et «il y a en fait une augmentation du recours à de l'artillerie lourde qui peut avoir un impact dévastateur, spécialement dans des zones urbaines», a déclaré le porte-parole de l'organisation.» Les combats empêchent les gens de fuir» et «nous avons vu des équipes médicales et des ambulances visées, ce qui est complètement inacceptable», a ajouté Stéphane Dujarric. Selon des diplomates, l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a récemment indiqué au Conseil de sécurité qu'il comptait rester en Libye jusqu'au dernier moment. Depuis une semaine, l'ONU a émis en vain plusieurs appels à un arrêt des combats et de l'agression des troupes du maréchal Haftar, qui se heurtent aux forces du Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale. A l'initiative du Royaume-Uni, les membres du Conseil de sécurité travaillent depuis deux jours sur une nouvelle déclaration qui appellerait à un cessez-le-feu en Libye, selon des diplomates. Le GNA a exhorté ven- dredi le Conseil de sécurité de l'ONU à agir pour arrêter l'offensive sur Tripoli, regrettant la division observée. «Nous voulons une intervention politique, pas militaire», a déclaré le ministre des Affaires étrangères du GNA, Mohamad Tahar Siala. «Nous espérons que le Conseil de sécurité de l'ONU parviendra à arrêter l'ANL et convaincre les pays qui la soutiennent de changer de position», a-t-il ajouté. «Il y a des divisions. Elles sont claires, que ce soit au Conseil de sécurité ou des organisations régionales, la Ligue arabe, l'Union africaine ou l'Union européenne «, a-t-il ajouté. Interrogé sur le soutien de certains pays au maréchal Haftar, Siala a indiqué que «le GNA était en contact régulier avec les pays qui soutiennent les deux camps», sans plus. «Les Libyens doivent compter sur eux mêmes pour une solution politique au conflit, sinon ils paieront un lourd tribut sur plusieurs générations», a-t-il encore indiqué.