Abdelghani Hamel, l'ex-directeur général de la Sûreté nationale (Dgsn) L'ex-Dgsn accusait, dans un passé récent, les enquêteurs d'avoir commis des dépassements et menaçait de livrer des dossiers de corruption en sa possession. Les sorties médiatiques de l'ex-directeur général de la Sûreté nationale (Dgsn), le général Abdelghani Hamel sont toujours fracassantes. L'homme qui a été emporté par le scandale de la tentative d'introduction de 701 kg de cocaïne au port d'Oran, en mai 2018, refait surface à la suite d'une «information» faisant état de sa convocation par le tribunal militaire de Blida pour répondre de son engagement, fait quelques heures seulement avant son limogeage par l'ex-président Bouteflika. Echorouk News, qui a donné l'information, a également rapporté que le général a été prié de libérer le logement de fonction de la Dgsn et de rendre son arme. «J'ai occupé ce logement après avoir reçu une autorisation du ministre de l'Intérieur. J'ai restitué volontairement la résidence avec ses meubles après le départ du président de la République», a-t-il dit hier, sur les colonnes de TSA, mais l'ex-Dgsn va ensuite faire une surprenante déclaration. Surprenante car il renie ses propres allégations du 26 juin 2018. Ce jour-là, réagissant à chaud sur l'affaire de cocaïne, il dit «il y a eu des dépassements lors de l'enquête préliminaire, mais les juges étaient vigilants (..) Nous disons que celui qui veut lutter contre la corruption doit être propre. Même si notre institution n'est pas concernée par cette enquête, nous allons transmettre les dossiers en notre possession concernant cette affaire à la justice». Abdelghani Hamel accusait, dans un passé récent donc, les enquêteurs d'avoir commis des dépassements et menaçait de livrer des dossiers de corruption en sa possession liés à l'affaire de la cocaïne. Hier, il annonce tout bonnement «je ne détiens aucun dossier de corruption» ajoutant «je n'ai aucun lien ni de près ni de loin avec l'affaire de la cocaïne. Ni moi ni mon entourage immédiat» avant d'affirmer appuyer les récentes déclarations du général de corps d'armée Ahmed Gaid Salah sur l'ouverture d'investigations sur les affaires de Sonatrach, Khalifa Bank et El Bouchi (cocaïne) car cela permettra à ce que «tout le monde rende des comptes». Hamel est-il atteint d'amnésie? Pas certain. Ce qui est certain par contre, ce sont les faits. Des faits qui ont fini par le discréditer vis-à-vis de l'opinion publique puisque le général avait assuré au moment où le nom de son chauffeur a été cité dans l'enquête préliminaire -via un communiqué de l'institution- que le suspect est «un chauffeur des services du parc automobile de la direction et non pas le chauffeur personnel du directeur général de la Sûreté nationale». Il s'avèrera, quelques mois plus tard, que le juge a bien entendu le chauffeur personnel de Abdelghani Hamel, mis en détention avec 23 autres mis en cause. Abdelkader B., le chauffeur, devait répondre sur sa relation avec Kamel Chikhi, principal accusé dans l'affaire de la cocaïne, auquel il facilitait les passages aux frontières, mais surtout sur «ses rapports avec les enfants de son ancien patron, qu'il connaît depuis les années où il exerçait à la Gendarmerie nationale avec leur père», comme cela a été rapporté par les médias. Un simple chauffeur du parc de la Dgsn pouvait-il à l'insu de tous ses responsables, faciliter les accès à Kamel Chikhi? La question mérite d'être posée. Mais pas celle-là uniquement. Abdelghani Hamel peut-il sur un coup de colère porter de graves accusations et affirmer détenir des dossiers, ensuite faire marche arrière sans aucune explication? Il s'agit là d'un black-out nuisible non seulement pour la justice, mais aussi pour la personne de Hamel qui soutient que ni lui ni son entourage ne sont impliqués. Et pourtant! La rumeur ne pardonne pas. Hamel a été directement mêlé à ce scandale en raison de son limogeage. Mais encore plus en raison des nombreuses révélations qui ont circulé sur des sites électroniques et les réseaux sociaux après le séisme provoqué par le scandale de la cocaïne dans les hautes institutions de l'Etat avec l'emprisonnement de généraux (relâchés quelques semaines plus tard), la purge au sein de l'armée, la gendarmerie, la police, la justice et même au sein du ministère de l'Intérieur. La rumeur a donné Abdelghani Hamel et des membres de sa famille comme étant mêlés directement au trafic de la cocaïne. Il a été assuré par les médias qu'un de ses enfants serait, propriétaire du port sec où la marchandise de Kamel Chikhi était généralement stockée, a été entendu et inculpé dans ce dossier. L'affaire de trafic de conteneurs au port de Annaba dans laquelle a été entendu son frère qui occupait le poste de directeur général des douanes, n'a pas manqué de susciter d'énormes interrogations. D'aucuns s'interrogeaient s'il s'agissait d'un abus de pouvoir des Hamel ou d'un règlement de comptes en haut lieu? Mais tant que la justice ne s'est pas encore prononcée sur cette affaire et n'a pas révélé au grand jour les conclusions de son enquête, les affirmations des uns et des autres demeurent de simples rumeurs.