Après ceux d'Alger et d'Oran, c'est au tour des chefs de sûreté des wilayas de Tipasa et de Tlemcen de passer à la trappe. Le tout nouveau directeur général de la Sûreté nationale, Mustapha El-Habiri, poursuit les purges dans les rangs de la police. Après la mise de fin de fonction des deux chefs de sûreté des wilayas d'Alger et d'Oran, il y a à peine deux semaines, c'est au tour de leurs homologues de Tipasa et de Tlemcen de passer à la trappe. Le limogeage de ces derniers est intervenu, affirment des sources policières, en début de semaine. Le désormais ex-chef de SW de Tipasa serait particulièrement un proche de l'ex-patron de la police, Abdelghani Hamel. Ce qui porte à croire que les changements opérés depuis le début du mois de juillet, à la tête des surêtés de wilaya sont à inscrire dans le registre d'une campagne de "dé-hamelisation" de la police. Mais le nouveau DGSN, Mustapha El-Habiri, aurait ouvert un autre chantier en parallèle. Des sources informées évoquent "des instructions verbales adressées à des chefs de sûreté de wilaya à l'effet de mener certaines enquêtes ciblées". Le mardi 26 juin 2018, un communiqué de la présidence de la République, répercuté par l'Agence de presse officielle, annonçait le limogeage d'Abdelghani Hamel. Particulièrement court, le communiqué annonçait la fin de carrière de l'ex-DGSN sans évoquer le moindre motif : "Son Excellence, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, président de la République, a signé ce jour deux décrets, le premier, mettant fin aux fonctions de M. Abdelghani Hamel, en tant que directeur général de la Sûreté nationale, et le second portant nomination de M. Mustapha El-Habiri à la tête de la DGSN." Mais la mise à l'écart de l'ex-patron de la police, considéré comme un proche de l'entourage présidentiel, avait été directement mise en rapport avec ses déclarations jugées "incendiaires", tenues le même jour, alors que la presse l'interpellait sur l'implication directe de son chauffeur personnel dans l'affaire de saisie de 701 kg de cocaïne au port d'Oran, dite "Kamel Chikhi". Visiblement sous pression, Abdelghani Hamel avait, étonnamment, lâché : "Nous sommes déterminés à poursuivre la lutte contre la corruption. Nous disons que celui qui veut lutter contre la corruption doit être propre. Même si notre institution n'est pas concernée par cette enquête, nous allons transmettre les dossiers en notre possession concernant cette affaire à la justice." Et d'ajouter : "Je le dis en toute franchise, il y a eu des dépassements lors de l'enquête préliminaire, mais heureusement que les juges étaient vigilants." C'est la première fois, depuis l'histoire de l'Algérie indépendante, qu'un haut responsable en fonction et du rang d'Abdelghani Hamel intervient publiquement et de manière aussi "brutale" dans une affaire qui suscite autant l'intérêt de l'opinion publique qu'elle ébranle les hautes sphères de l'Etat. Limogé sine die, le général Hamel s'est, depuis, drapé dans le silence, laissant les supputations à son sujet aller grossissant. Mehdi Mehenni