Les responsables du musée ont profité de la célébration du mois du Patrimoine pour ouvrir le débat sur la sécurisation de nos musées et du patrimoine millénaire qu'ils renferment. Le 8 mars dernier, le Musée national des antiquités & des arts islamiques a failli partir en flammes! Des voyous ont tenté de le brûler et le piller après les manifestations anti-système. Cet incident a donné à réfléchir sur la sécurité de nos musées et du patrimoine millénaire qu'ils renferment. La nécessité d'un débat sérieux sur la question s'est fait ressentir. Les responsables du musée ont profité de la célébration du mois du patrimoine afin d'initier cette réflexion. Ils ont ainsi organisé, hier, une conférence-débat sur la question. C'est Mourad Betrouni, ex- directeur du patrimoine au ministère de la Culture, qui a animé les débats. D'emblée, celui qui avait la lourde tâche de «sauvegarder» le patrimoine algérien, a mis en avant le problème de la législation. «Nos musées n'ont aucune couverture légale», a-t-il pesté. «Ils sont considérés comme des Etablissements publics administratifs (EPA). Mais ils n'ont pas de statut, en tant que musées», a-t-il déploré. «Or, il devrait y avoir une loi qui les régit, du fait de leur sensibilité et surtout de leur importance. Il s'agit là de notre patrimoine et de notre identité», a-t-il poursuivi, non sans remettre en cause la loi sur la protection du patrimoine culturel. «Cette loi ne définit pas la notion de musée, qui l'institue, délimite son champ d'application et énonce les conditions de sa création, la nature de la personne morale dont il relève et la qualité de ses collections», soutient le docteur Betrouni. «La loi n°98-04 du 15 juin 1998, portant protection du patrimoine culturel, n'a pas prévu de dispositions juridiques relatives aux musées et aux collections muséales», s'inquiète-t-il. Pour lui, cette situation est donc à «la fois troublante et inquiétante». Que faire alors? Le docteur Mourad Betrouni plaide la mise en place «urgente» d'une politique et d'une stratégie de sécurisation de nos biens culturels. Cette stratégie devra, toujours selon l'intervenant, commencer par un cadre juridique qui est le socle sur lequel reposera cette stratégie. «La politique et la stratégie de sécurisation des musées publics doivent, nécessairement, reposer sur trois principaux piliers: la consécration juridique de l'institution muséale, l'identification et la caractérisation des biens culturels, cible de dommages et de préjudices, et enfin l'établissement d'une échelle de mesure des indicateurs de pertes, de dégradations et de détériorations de ces biens»,a-t-il énuméré. «C'est le seul moyen qui évitera à nos musées de disparaitre», a-t-il conclu non sans insister sur l'urgence de ce «SOS»...