La crise est encore loin de connaître son dénouement Les partis de l'opposition n'arrivent pas à jouer le rôle central qui consiste à peser sur la situation et aller de l'avant d'une manière concrète. Les représentants des forces du changement ont appelé dans leur communiqué qui a sanctionné leur neuvième rencontre à «mettre en place une commission qui se chargera d'organiser une rencontre nationale des forces de changement». Celle-ci «sera ouverte sur l'ensemble des acteurs de la société civile et la classe politique, sauf ceux qui étaient impliqués dans la crise politique», relève le même communiqué. Cette rencontre est intervenue à la veille du 10e vendredi, de la mobilisation populaire. Il est constaté que la scène politique nationale est murée dans une logique que beaucoup d'observateurs de la chose politique qualifient de crise drastique et d'impasse qui pourrait mener vers des dérapages désastreux. De fait, l'institution militaire est sollicitée pour jouer le rôle prépondérant dans cette rencontre nationale en sa qualité «d'institution légitime et une partie déterminante dans la solution de la crise», a asséné le communiqué des partis de l'opposition. Il convient de rappeler que ladite rencontre s'est donné comme objectif d'«examiner les derniers développements, notamment après les récentes interventions du général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), l'évaluation du Hirak populaire qui touche à sa 10e semaine ce vendredi et la proposition de solutions de sortie de la crise politique que vit le pays». Il reste que ces formations politiques de l'opposition n'ont aucune emprise sur la rue. Et pour cause, le mouvement populaire ne veut pas entendre la voix de ces partis qui agissent sous le label de «forces de changement». Le blocage est visible, l'impasse est quasiment consommée de par l'absence d'une approche qui devrait réunir le potentiel de changement autour d'une dynamique consensuelle en mesure de dissiper les malentendus et les différences qui font que l'issue politique est loin de s'exprimer en tant que telle. L'enjeu est majeur, la crise perdure, mais la solution ne se profile pas à l'horizon. La situation n'est pas reluisante. En effet, beaucoup d'interrogations entourent la situation d'une manière globale, les revendications visant le changement du régime et ses symboles ne semblent pas avoir eu leur gain de cause, la majorité de la population voit dans la situation actuelle qui caractérise le pays comme une espèce de consécration du statu quo. Les partis de l'opposition n'arrivent pas à jouer le rôle central qui consiste à peser sur la situation et aller de l'avant d'une manière concrète à travers des solutions en mesure d'influer sur la rue et la classe politique à la fois. Le mouvement populaire n'arrive pas à dégager une forme organisationnelle digne de son élan qui a émerveillé et subjugué tout le monde par sa mobilisation grandiose et son caractère pacifique. Ledit mouvement rejette le fait que les partis de l'opposition s'immiscent dans ce qui est qualifié comme «butin» qui revient comme droit scrupuleusement et uniquement au peuple. Cette situation est en train de secréter des éléments et des donnés qui ne favorisent pas l'émergence d'une démarche susceptible d'organiser et de fédérer le potentiel de la mobilisation née du mouvement historique du 22 février de l'année en cours comme expression de rejet du système et l'exigence d'un changement radical. L'enjeu prend de la taille, le pays fait face à une crise institutionnelle avérée, les solutions tardent à voir le jour à cause des fixations exprimées par les protagonistes qui s'imposent sur le terrain. L'institution militaire affiche amplement et sans ambages sa décision de maintenir le «cap» constitutionnel et ne pas sortir de ses limites telles qu'elles sont tracées en maintenant la piste qui vise a aller vers une élection présidentielle sous le prétexte qu'il faut respecter la légalité et la légitimité constitutionnelle. Il faut dire que la Constitution a été moult fois piétinée et souillée pour justifier un renversement d'une situation politique qui n'est pas en phase avec des calculs propres aux tenants du statu quo en vigueur. Tout le dilemme est là, les partis de l'opposition qui se reconnaissent dans la démarche appelée des forces de changement, soutiennent mordicus l'institution militaire et la qualifient de légitime comme elles soutiennent aussi le mouvement populaire et appellent «l'armée à satisfaire les revendications du peuple pour le changement du système en allant vers un dialogue qui débouchera sur une période de transition susceptible de juguler la crise en se dotant d'institutions crédibles et démocratiques».