«L'Etat devrait investir davantage le web.» «Nous ne produisons pas de contenu en Algérie», a estimé, hier, M.Sidi Mohamed Hamzaoui, président de l'Association algérienne des fournisseurs de services Internet (Aafsi). «C'est le désert», a lancé l'invité du forum d'El Moudjahid. «L'Algérie passe d'une économie administrée à une économie de marché. Elle s'ouvre de plus en plus sur la mondialisation. Parallèlement, le citoyen ne peut pas aujourd'hui payer sa facture d'électricité, réserver son billet d'avion ou procéder à des opérations bancaires en utilisant les cartes de crédits via le net. C'est contradictoire. C'est même une tragédie économique qui nous retarde de nos voisins», dira-t-il. Le problème ne réside pas, selon lui, dans les compétences. Mais simplement, «on ne mesure pas assez l'importance au niveau officiel de l'outil Internet». «L'Etat devrait investir davantage le web», souligne-t-il. Le principe est donc de promouvoir la production de contenu à travers la création de silos de l'information et l'ouverture de services on line, dit-il. Le représentant de cette association a exposé d'autres problèmes qui entravent l'essor de la société de l'information en Algérie. M.Hamzaoui parle de la réticence à fournir l'information dans notre pays, «alors que dans une société de l'information, tout se passe dans la transparence». «Nous avons des gisements qu'il faudrait exploiter». Il faudrait aussi, selon lui, résoudre le problème de la régulation. «Les technologies de l'information ne peuvent se développer que dans un marché concurrentiel sain et cela ne peut se faire que s'il y a une régulation adaptée», indique M.Hamzaoui, avant de poursuivre que «ce dont a besoin le secteur actuellement, c'est surtout de transparence entre utilisateurs». Le conférencier cite, à ce propos, l'opérateur historique de téléphonie mobile Algérie Télécom. D'après lui, pour réussir la politique de développement des TIC, il faut restructurer Algérie Télécom. «Nous souhaitons qu'Algérie Télécom redevienne un prestataire de services comme le sont des institutions publiques ayant cette vocation». Les services fournis et facturés par Algérie-Télécom sont, selon le conférencier, très coûteux. Les coûts de revient pour les providers «restent aussi prohibitifs, d'où nécessité de les revoir». Il n'est pas normal, affirme M.Hamzaoui, que nous ayons à payer très cher l'exploitation de lignes spécialisées. De son côté, M.Grar Younès, président de Gecos rappelle que c'est aux autorités publiques de définir les stratégies, les objectifs et les délais à respecter concernant le développement des technologies de l'information et plus encore de l'Internet. «Le développement de la société de l'information est une affaire de la société civile», note-t-il. Intervenant à son tour, M.Saïdi, secrétaire général de la société des technologies de l'information qui parle de réduction de la fracture numérique a affirmé que l'outil Internet en Algérie «n'est pas encore pris en considération dans nos affaires».