Le ministre de la Justice met désormais les robes noires face à leurs responsabilités. Comment rendre la justice plus crédible? Peut-on dire que les réformes engagées par le département de Belaïz sont en mesure de rendre la justice plus ferme et équitable? Le système juridique est-il capable de régler le phénomène de la corruption et du banditisme qui prend des dimensions alarmantes dans notre société? Telles sont les questions soulevées par les présidents de cour et les procureurs généraux. Ces derniers ont mis l'accent, lors de la réunion annuelle tenue à la Cour suprême et qui a pris fin avant-hier, sur le manque flagrant des ressources humaines et des moyens matériels. Exiguïté des lieux, vétusté des infrastructures ( tribunaux, cours...), manque d'équipement, absence des archives. Tant de problèmes qui compromettent le travail des magistrats et remettent en cause le processus de réforme. Le Nord est bien entendu mieux équipé que le Sud, où il y a un énorme manque en infrastructures. Le président de la cour d'Illizi a relevé l'absence de tribunaux au niveau de Djanet et de Tamanrasset. Pour porter plainte, les gens doivent se déplacer sur plus de 700 km. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, M.Tayeb Belaïz s'est montré plus déterminé à combler ces déficits et à remédier à toutes les lacunes pour rendre à la justice sa crédibilité. Sur le plan réglementaire, le ministre pense que le cadre a été largement renforcé par l'introduction de 25 textes de loi. Le plus gros reste actuellement de renforcer l'appareil judiciaire sur le terrain. Ce dernier s'engage à assurer tous les moyens humains et matériels pour garantir un bon fonctionnement de la justice. Belaïz reste convaincu que la crédibilité de la justice se réalise d'abord à travers l'amélioration des prestations des services pour les citoyens. La qualité des jugements et des décisions ainsi que la célérité sont les éléments phares en mesure de rendre la justice crédible. Désormais, le ministre attribue l'entière responsabilité aux magistrats, lesquels sont censés traiter d'une manière juste les procès. Sachant que le citoyen n'a plus confiance en la justice, le ministre a appelé les magistrats et les juges à veiller au traitement efficace et en toute transparence des affaires. Ce dernier ne veut plus entendre parler de lenteur et de report des procès en 2006. Le respect des délais de traitement des affaires et d'exécution des jugements est impératif pour les juges. Insistant sur ce point, le ministre n'a pas manqué de relever les conséquences induites par la détention provisoire. Alors que nos prisons sont surchargées, les juges sont appelés à ne pas laisser traîner les affaires. Il faut reconnaître que le nombre des plaintes déposées par an est effrayant. Malgré l'introduction du système informatique dans l'administration judiciaire, les juges sont submergés par le nombre des dossiers à traiter. S'expliquant sur ce point, le directeur des affaires pénales et civiles dira qu 'il faut trouver des alternatives aux poursuites pénales et civiles. «Il y a des problèmes qu'on peut régler à l'amiable sans saisir la justice», a-t-il affirmé. Il citera en ce sens que la nouvelle loi sur l'organisation pénitentiaire a permis d'assouplir les procédures de mise en liberté conditionnelle.