Né à Constantine où il y a vécu jusqu'en 1966, Georges Morin était présent dans sa ville natale, mardi dernier, aux côtés de Jacques Fernandez pour la présentation de leurs nouveaux ouvrages, L'Algérie et La fille du Djebel Amour. L'événement qui a attiré un public particulier (enseignants, étudiants et cadres), s'est déroulé au Centre culturel français de Constantine. Prenant la parole, Georges Morin a aussitôt condamné la loi du 23 février qui fait l'apologie «du rôle positif » de la colonisation outre-mer et en Afrique du Nord, votée par le Parlement français. Le conférencier qui semble porter au plus profond de lui «l'Algérie», dira dans ce contexte: «L'aspect positif ou négatif de la colonisation ne peut être jugé que par les historiens». Dénonçant la position absurde de l'UMP, parti politique français majoritaire au Parlement, Georges Morin ajoute: «J'ai cru à un moment, que l'UMP allait se réveiller, malheureusement, ce ne fut pas le cas et c'est très grave. De quels aspects positifs parle-t-on? Je pense sincèrement que toute colonisation est condamnable à la base». Poursuivant son intervention, le conférencier s'interroge sur la décision des acteurs politiques français, quand on sait, a-t-il dit, «qu'entre 1930-1950, des Algériens ont été massacrés, réprimés et bafoués». Pour Georges Morin, cet épisode malheureusement réel n'a fait que raviver des haines, mais, dira-t-il, heureusement que la rancune n'est pas générale. Georges Morin était clair sur sa position par rapport à la loi du 23 février, ayant signé lui-même la pétition qui la rejette catégoriquement. L'auteur de L'Algérie est titulaire d'un doctorat d'Etat en sciences politiques, il a enseigné les institutions politiques et les relations internationales, en suivant particulièrement les dossiers traitant l'intégration des populations. Actuellement, il est inspecteur général de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche. Il est également maire-adjoint de Gières (Isère). Il est aussi vice-président des Cités unies France, association de maires militants. Il a fondé en 1985 et préside depuis lors, l'association Coup de soleil, qui a pour objectif de rassembler les gens de France originaires du Maghreb. Pour sa part, l'auteur de La Fille de Djebel Amour, Jacques Fernandez, a dû s'exprimer sur la réalisation de son oeuvre, un PD qui retrace l'insurrection indépendantiste, où le FLN et les militaires se font face. L'auteur a publié également Arrière-pays, petites histoires typiquement provençales. Après le premier cycle en cinq volumes de la série Carnet d'Orient, consacrée particulièrement à la période d'avant-guerre en Algérie, il s'attaque ensuite à un classique de la littérature française avec deux romans de Pagnol. En 1998, il retravaille avec Benaquisla et c'est ainsi que prendra naissance L'outre mangeur puis reprendra sa série Carnet d'Orient avec notamment le second cycle qui débute à la veille de l'insurrection en Algérie.