Les Algériens ont décidé de marcher toute la journée du vendredi avec la mobilisation habituelle, avant que des f'tours collectifs ne soient organisés pour finir avec une «sahra» révolutionnaire. «Ça nassire, Ça nassire, Ramdhan ou Aïd Sghir» (on marchera le Ramadhan et l'Aïd, Ndlr). C'est le message fort qui résonnait sur l'Algérie, vendredi dernier, à la fin du 11e acte des manifestations contre le pouvoir. Le Hirak va-t-il, néanmoins, résister au jeûne? C'est la question que toute l'Algérie se pose depuis plus d'une semaine. Surtout que les autorités tablent sur un essoufflement de la mobilisation populaire en cette période où l'Algérie tourne au ralenti. Sur les réseaux sociaux, les appels à maintenir la «cadence» se sont multipliés ces derniers jours. Il y avait même eu un grand débat sur la nécessité ou non d'adopter les horaires de la marche au Ramadhan, en sortant après le f'tour au lieu de la journée. Finalement, ils ont opté pour avant, pendant et après! «Ils pensaient que nous allions céder, on va leur montrer le contraire. On marchera toute la journée du vendredi», assure Faycel, militant et membre du groupe de bénévoles des «Gilets oranges». En fait, ce qui a été décidé c'est de maintenir les horaires habituels pendant la journée avant que des f'tours collectifs ne soient organisés pour finir avec une «sahra» révolutionnaire! Dit de cette manière cela peut paraître comique, mais c'est l'esprit «Silmiya» de cette révolution pas comme les autres. Cependant, comme chaque vendredi depuis 12 semaines, derrière cette convivialité et cet humour se cachent des messages politiques très poignants avec une seule et même finalité «Irouhou gaâ» (Ils partiront tous, Ndlr). Ainsi, il est attendu que cette réunion hebdomadaire de la vraie Assemblée populaire nationale qu'est la rue «vote» pour la proposition de dialogue émise dimanche dernier par le président de l'Etat, Abdelkader Bensalah, lors d'un discours à la nation. L'élection présidentielle du 4 juillet prochain, à laquelle Bensalah est le seul à y tenir, sera aussi soumise au Parlement de la rue. Bensalah aura donc des réponses claires et définitives quant à ses «molles» propositions pour désamorcer la crise. La réponse semble des plus évidentes puisque quelques heures après sa sortie on a pu «tâter» le pouls sur les réseaux sociaux avant que les étudiants ne viennent sceller définitivement la chose, mardi dernier, avec leur démonstration de force à travers les quatre coins du pays. Leur message principal était le refus du dialogue avec Bensalah, ainsi que la non-reconnaissance du scrutin électoral du 4 juillet prochain. La sortie réussie des étudiants a donné le coup de grâce aux derniers espoirs du pouvoir. Il est désormais évident que rien ne fera reculer ces Algériennes et ces Algériens qui se battent pour l'avenir de leur patrie. «On ne lâchera rien jusqu'à la victoire; 3a9adna el 3azma an nouharira el Djazair (nous avons fait le serment de libérer l'Algérie)», est l'un des slogans phare du «hirak» qui se concrétise de semaine en semaine. On devrait donc assister à une nouvelle journée historique aux senteurs du Ramadhan. Cette 12e symphonie, si elle garde toutes ses promesses, mettra le pouvoir dos au mur. La crise ne fera que s'enliser encore plus. Une vraie solution doit être vite trouvée, et elle ne peut venir que du...«Hirak» qui «Rama-dira»!