L'application de cette mesure fera gagner à la Sécurité sociale 4 à 5 milliards de dinars annuellement. Le remboursement des médicaments sur la base d'un tarif de référence entrera en vigueur à partir de janvier 2006. Toutefois, un moratoire de trois mois a été donné aux opérateurs économiques pour se conformer à cette décision. C'est ce qu'a annoncé, hier, le ministre du Travail, Tayeb Louh, lors d'une journée d'étude organisée sur ce thème. Les tarifs de référence de remboursement des médicaments sont des montants de remboursement déterminés par groupe de produits dits similaires, c'est-à-dire, ayant la même dénomination commune internationale (DCI), forme et dosage et pour lesquels seuls les noms de marques diffèrent. Il y a lieu de souligner que pour un médicament d'une DCI correspondent plusieurs marques de produits dont le médicament original et le générique. Cette mesure est prévue, dira le ministre, par la législation en vigueur en matière de sécurité sociale et précisée par la loi 83-11 du 2 juillet 1983 relative aux assurances sociales modifiée et complétée. Concrètement, donc et pour un premier temps, 116 DCI - forme et dosage de médicaments auxquels correspondent 928 marques différentes - vont être soumis à des tarifs de référence dès janvier. Ce premier groupe de médicaments représente 10% des 1073 médicaments remboursables existant sur le marché. M.Louh a indiqué que ces médicaments ont été sélectionnés sur la base des recommandations de l´Organisation mondiale de la santé (OMS), du programme national de santé et les différentes maladies chroniques fréquentes en Algérie. Il explique que ces médicaments ont été également évalués, grâce aux données validées et disponibles, notamment l´existence d´un nombre appréciable de génériques correspondants et commercialisés au niveau national, leur poids important en matière de fréquence et de dépense au plan du remboursement, ainsi que la garantie d´un niveau suffisant d´approvisionnement du marché. Par ailleurs, le ministre a fait savoir que «l'utilisation du médicament générique en Algérie ne représente que 15% alors que ce taux est de l'ordre de 50% dans les pays développés». S'agissant du rythme de croissance des dépenses pharmaceutiques de la sécurité sociale, il est, selon lui, de l´ordre de 20% par an, alors que l´expérience internationale «montre que, dans la plupart des pays, le taux d´évolution de ces dépenses ne dépasse pas les 6%», précisant que le montant des dépenses est passé de 19,6 milliards de DA à en 2000 à 41,5 milliards de DA en 2004. Pour M.Louh, la nouvelle réglementation de remboursement s´impose d´autant plus que «des produits strictement identiques sur le plan médical ont des prix qui varient de manière très importante pouvant aller de 1 à 10». Selon le premier responsable du secteur, l'application des tarifs de référence de remboursement fera gagner à la Sécurité sociale 4 à 5 milliards de dinars annuellement et sans aucune incidence sur le prix public algérien (PPA). Les ressources qui pourraient ainsi être économisées, ajoute le ministre, seront redistribuées et contribueront à l´amélioration des niveaux de prise en charge d´autres soins de santé tels les actes médicaux. «A l´avenir tout médicament donné en termes de DCI, pour lequel existe au niveau national de nombreuses marques à des prix différents, il lui sera déterminé un tarif de référence unique de remboursement en tenant compte de sa disponibilité sur le marché national», a-t-il précisé. M.Louh a affirmé, par ailleurs, que cette mesure sera accompagnée d´une série d´actions de facilitation de son application en direction de tous les acteurs concernés, notamment les prescripteurs, les patients et les pharmaciens et de la publication d´un guide qui sera mis à la disposition des prescripteurs. Pour les pharmaciens, M.Louh a indiqué qu´il est prévu un réaménagement de la convention actuelle, prévoyant la suppression de la domiciliation des assurés sociaux au niveau d´une seule officine. Concernant le non-remboursement de certains médicaments anticancéreux, le ministre a précisé que ces médicaments «sont à usage hospitalier et ce, dans l´intérêt du malade, notamment pour un meilleur suivi et une plus grande sécurité à leur usage». «Certains médicaments anticancéreux nouveaux, très coûteux, prévus pour être pris à domicile dans le traitement de certains cancers, ne sont pas enregistrés en Algérie», a-t-il encore ajouté. Dans le même contexte, M.Louh a fait savoir que son secteur avec celui da la santé sont en train d´examiner, à court terme, les meilleures solutions pour la prise en charge de ces produits. Par ailleurs, il a révélé que 1 150.000 assurés bénéficient du système du tiers-payant et que 5614 officines sont conventionnées au niveau du territoire national. Enfin et évoquant le système de la contractualisation avec les établissements de santé, M.Louh a assuré que «ce système verra bel et bien le jour».