La même ambiance règne avec les mêmes slogans Des milliers d'étudiants ont envahi les rues du pays pour réclamer le départ des figures du système bouteflikien. «Yetnahaw gaâ». Voilà le mot d'ordre que se sont donné des milliers d'étudiants à travers les quatre coins du pays, et ce pour le 13e mardi consécutif! Ils sont véritablement le coeur du Hirak. Ils sont chaque semaine là pour lui passer le «défibrillateur» afin de répondre aux manoeuvres du pouvoir. C'est le cas à Alger où ils étaient encore une fois plusieurs milliers à avoir envahi les rues d'«El Bahdja» dès les premières heures de la matinée. Les forces de l'ordre étaient elles, plus nombreuses que d'habitude, quadrillant tous les points sensibles de la capitale. Ce qui laissait entrevoir une bastonnade comme celle de dimanche dernier. Mais cela n'a nullement fait peur à cette jeunesse à toute épreuve. Bien au contraire: leur détermination n'était que plus grande! Sous les cris des «silmiya», ils ont décidé de durcir leur mouvement pour marcher vers le... Palais du gouvernement. La marche vers le Palais... Une semaine après avoir fait de même pour le Sénat et le tribunal d'Alger, ils vont crier leur colère sous la fenêtre de Bedoui! «Il semble qu'ils n'entendent pas notre voix, on va alors chez eux pour être plus audible», plaisante un groupe d'étudiants, drapeau sur les épaules et pancartes à la main. Ainsi, en voyant la Grande Poste fermée par les URS et leur fourgon, ils tournent à gauche pour aller au Palais! Deux groupes se forment. Le premier prend les escaliers du boulevard Khemisti, au niveau de l'hôtel Albert 1er alors que le second va vers le tunnel des Facultés. Les deux groupes se retrouvent dans la rue du docteur Saâdane, au niveau de la salle Ibn Khaldoun. Ils marchent et scandent en choeur les hymnes du Hirak avant d'être surpris, juste après les escaliers du Palais du gouvernement, par un immense barrage de l'URS et leurs véhicules qui bloquent toute la route. Les étudiants s'arrêtent! Ils crient à la face des forces de l'ordre: «Machi irhabe, hna toulab» (on n'est pas des terroristes mais des étudiants, Ndlr). Certains décident de s'asseoir par terre improvisant un sit-in, où ils envoient un message clair aux autorités «makache intikhabate maâ el issabate» (Pas d'élections tant qu'il y aura la bande, Ndlr). Ils insistent également sur le départ de tous les symboles du pouvoir. «qoulna irouhou gaâ, c'est gaâ», soutiennent ces jeunes à la conscience politique très mâture. Le temps passe, la rue du docteur Saâdane est couverte aux couleurs nationales. Après une dizaine de minutes, les manifestants veulent rejoindre l'entrée principale du palais. Ils tentent de forcer le barrage des forces de l'ordre. Des échauffourées s'ensuivent. Les bombes lacrymogènes sont au rendez-vous, sans heureusement faire de blessés graves. Les étudiants décident de faire demi-tour. Sur le chemin du retour, ils s'arrêtent un petit moment pour narguer les forces de l'ordre en les huant et en leur signifiant qu'ils ne leur font pas peur. «Vous ne nous faites pas peur, on sera tous les jours dans la rue. Vos matraques et bombes lacrymogènes n'y changeront rien!», soutiennent-ils avec hargne. «Makache intikhabate maâ el issabate» Les manifestants également insistent sur le départ des 3B (le président de l'Etat, Abdelkader Bensalah, le Premier ministre, Noureddine Bedoui et le président de l'Assemblée populaire nationale, Mouad Bouchareb, Ndlr). Cette nouvelle sommation de la jeunesse du Hirak s'est faite en face des escaliers du Palais du gouvernement. Tout un symbole! Ils prennent la direction de la Grande Poste pour y tenir un rassemblement. Sur le chemin, ils insistent sur le fait que le départ de ces hommes décriés du système bouteflikien ne veut pas dire qu'il laissera la place à une dictature militaire. «Dawla madania machi aâskaria» (un Etat civil, pas militaire, Ndlr), chantent-ils dans la joie et la bonne humeur. Aux environs de midi, ils investissent la place mythique de la Grande Poste, même si les escaliers leur sont interdits. La même ambiance règne avec les mêmes slogans et la même détermination. «joumhouria machi caserna», (une République pas une caserne, Ndlr), résonnait sur «El Mahroussa» en ce 17e jour de Ramadhan et nouveau jour de protestation...