Contrairement aux années précédentes, les prix n'ont pas encore flambé à quelques semaines de l'Aïd. Le ministre délégué chargé du Développement rural, Rachid Benaïssa, a appelé les éleveurs de moutons à s'organiser pour échapper au diktat des intermédiaires et surtout aux impératifs que leur impose l'ouverture économique. «Le prix du mouton qui se situerait entre 17.000 et 20.000 DA sera évidemment déterminé par la loi de l'offre et de la demande, mais il est temps que les éleveurs s'organisent au niveau local pour empêcher la spéculation des revendeurs», a déclaré le ministre qui s'exprimait hier, dans le cadre du forum d'El Moudjahid. La marge bénéficiaire que prend l'éleveur est minime devant les bénéfices qu'accumulent les maquignons devenus de véritables régulateurs de ce marché juteux. Cependant, à quelques semaines de l'Aïd, les prix du mouton n'ont pas encore flambés contrairement aux années précédentes. Cette année, les éleveurs sont dans une posture relativement confortable pour imposer en effet, leur démarche, pour peu qu'ils s'organisent. La sécheresse qui a frappé les régions des Hauts-Plateaux et les régions steppiques ne sévit plus. Le retour des pluies a également permis la régénération du tapis végétal, ce qui constitue un autre facteur rassurant pour les éleveurs. Le ministre a également prévenu contre le danger de faire croire à ces éleveurs qu'ils ont le monopole et la qualité de la viande bovine. «La disponibilité de la viande congelée, l'arrivée d'importateurs de viandes fraîches à des prix concurrentiels risquent de nuire à ces éleveurs», a-t-il dit. «Par ailleurs, les éleveurs doivent avoir en tête que le régime alimentaire des Algériens a changé», a jouté M.Benaïssa précisant qu'«il y a une mutation profonde qui s'opère au sein de la société qui se tourne de plus en plus vers le bien-être, le crédit immobilier et le crédit pour l'électroménager». En fait, l'insistance du ministre délégué chargé du Développement rural à ce que les éleveurs se préparent à affronter une concurrence, n'est pas conjoncturelle. Pour lui, l'idée s'inscrit dans le cadre de la stratégie du renouveau rural: «La stratégie nationale de développement rural durable (2005-2015) ou la promotion d'un renouveau rural pour un développement équilibré et harmonieux de tous les territoires, et pour une insertion maîtrisée dans la mondialisation». Longtemps confinée dans une vision réductrice, la notion «du développement rural» porte une autre connotation. «Le développement rural durable ou le renouveau rural durable n'est pas un slogan, ce sont des techniques scientifiques rationnelles, c'est une vision pragmatique et c'est une logique d'ensemble équilibrée et une recherche de complémentarité», a expliqué le ministre avant de rappeler l'approche européenne du monde rural et de l'agriculture. La séparation entre les deux «mondes» a été entamée depuis la déclaration de Barcelone en 1995. Dès lors que l'agriculture est devenue un produit marchand elle s'est séparée de ce qui se rattache au développement du territoire. «La séparation définitive a été consacrée en 2003 à Doha où il a été établi que les deux piliers du développement sont l'agriculture d'entreprise et le développement rural durable.».