Transactions occultes, multiplication des intermédiaires, non- identification des intervenants, absence de contrôle sont à l'origine de l'anarchie qui règne sur le marché des ovins. Tout le monde s'accorde à dire que le cheptel ovin, cette année, est disponible, en grande quantité en Algérie. Des responsables au ministère de l'Agriculture l'ont estimé à 19 millions de têtes soit une augmentation de 2 millions de têtes par rapport à l'année précédente. Pour autant les prix n'ont pas réagi à “cette disponibilité suffisante”. Pourquoi ? S'il est vrai que ces prix peuvent être expliqués par le principe sacro-saint de l'offre et de la demande, les niveaux qu'ils ont atteints sont jugés exagérés. Les conférenciers invités hier par l'Union générale des commerçants et artisans algériens n'ont pas été très prolixes dans leurs explications. Eux-mêmes jugent le marché du mouton, “désorganisé, anarchique, sans loi…” Il existerait, selon ces conférenciers, quelque 1 000 marchés, dont 80 à 85 sont de gros marchés. Ils engrangent en termes de recettes (droits d'entrée), environ 200 milliards de centimes par an. Mais aucun ne se hasarde à avancer les sommes brassées dans ces marchés. La disponibilité du cheptel aurait dû rendre abordables les prix des moutons. En outre, l'abondance en quantité et en qualité de l'alimentation du bétail, bonne cette année, et les prévisions pluviométriques favorables sont autant de paramètres qui militent pour une baisse des prix. Malheureusement, le mouton algérien “échappe” à la loi du marché lui aussi algérien. “C'est un marché qui échappe au contrôle de l'Etat”, estime les conférenciers qui relèvent que des montons sont exportés frauduleusement vers la Tunisie. Pour rappel, interrogé jeudi dernier par un membre de l'APN, sur “l'exagération” des charges sur les cheptels, le ministre des Finances, Mourad Medelci, a affirmé que les impôts sur les moutons ne sont pas si importants. L'Algérie travaille encore, a-t-il expliqué, sur un système vieux de vingt ans, basé sur un prix de mouton de 760 DA (dont l'Etat prend près de 40%). Si on devait se mettre aux véritables prix exercés par les maquignons (10 000 DA), a indiqué M. Medelci, l'Algérie engrangerait quelque 30 milliards de centimes par an. Elle en récolte aujourd'hui trois fois moins. Le ministre des Finances a souligné que l'Etat ne compte pas revoir ce système, mais il n'envisage pas, pour autant, une exonération d'impôts sur le cheptel. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural aurait déclaré aux députés que le prix moyen d'un mouton serait au- dessous des 15 000 dinars. Le prix pratiqué actuellement sur le marché est le résultat de la spéculation, dans un marché qui n'est pas encore réglementé. La prolifération des maquignons d'occasion à l'approche de l'Aïd en est la preuve. Depuis quelques jours, les localités et les quartiers de la capitale se sont transformés en marché de moutons sans que les autorités centrales ou locales n'interviennent. Tous ces marchés informels échappent au contrôle sanitaire, et peuvent donc constituer un danger pour la santé des citoyens. Meziane Rabhi