Une guerre par procuration entre acteurs extérieurs, selon Smail Chergui Ghassan salamé, a exposé hier, la situation devant le Conseil de sécurité auquel il a exprimé son «inquiétude extrême» face à l'intensification des combats et au refus de l'ANL de mettre fin à son agression pour permettre la reprise du processus politique. Depuis 48 heures, les combats font rage au sud de Tripoli entre les forces loyales au gouvernement d'union nationale reconnu par la communauté internationale et l'Armée nationale libyenne autoproclamé du général à la retraite Khalifa Haftar. Les tirs de l'artillerie lourde n'ont pas cessé, selon les médias locaux qui ont alerté sur la hantise des habitants de ces quartiers périphériques de la capitale d'être victimes des affrontements dont les échos sont perçus jusque dans le centre de la ville. L'agression du général Haftar se caractérise par la volonté de ses troupes d'entrer dans la capitale mais la résistance farouche des milices de Misrata, Zintan et Zawiya parvient depuis plus d'un mois à l'en empêcher, malgré les renforts en armes, en munitions et en hommes qu'ont fait parvenir l'Egypte et les Emirats arabes unis. Selon les témoignages des médias locaux, ce sont les combats les plus violents depuis le début du ramadhan et ils se déroulent notamment dans le quartier résidentiel de Salaheddine, dans la banlieue sud de Tripoli où les forces du GNA ont réalisé une percée ces derniers jours, selon un porte-parole, Moustafa al-Mejii. Alors que ces affrontements témoignent de la réponse délivrée par le général Haftar à tous les appels au cessez-le-feu, émanant aussi bien de l'ONU que de diverses capitales, notamment Rome et Paris, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU en Libye, Ghassan sdalamé, a exposé, hier, la situation devant le Conseil de sécurité auquel il a exprimé son «inquiétude extrême» face à l'intensification des combats et au refus de l'ANL de mettre fin à son agression pour permettre la reprise du processus politique, unique solution à même de permettre au pays de sortir de la crise. Les violences actuelles, engendrées par l'offensive du 4 avril lancée par Haftar pour s'emparer de Tripoli et, ainsi, de la direction de la Libye tout entière constituent le signal de l'entrée de la Libye «dans une guerre sanglante au sud de la Méditerranée qui met davantage en danger la sécurité des voisins immédiats et méditerranéens», a déclaré le représentant onusien qui a accusé explicitement certains pays de «se nourrir de ce conflit». Salamé a en effet affirmé que plusieurs rapports signalent l'existence, au sein des deux camps rivaux, d'extrémistes qui font l'objet de mandats d'arrêt par la Cour pénale internationale (CPI). Il a particulièrement insisté sur l'obligation de faire respecter l'embargo sur les armes, dont l'afflux ne manquera pas d'enfoncer le pays dans une guerre civile aux conséquences désastreuses. Il a ainsi évoqué le spectre de la partition. Ultime supplique de l'envoyé onusien, «il n'y a pas de solution militaire en Libye. Ce n'est pas un cliché, c'est un fait, et il est grand temps que ceux qui ont nourri cette illusion ouvrent les yeux et s'adaptent à cette réalité «, a-t-il martelé dans une mise en garde à l'adresse de certains pays au jeu malsain. Au cours de ce briefing dont on ne sait pas s'il permettra au Conseil de sécurité de parvenir enfin à une résolution claire et unanime pour un appel pressant au cessez-le-feu, participait le commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine, Smaïl Chergui qui a également mis l'accent sur les graves dangers qu'affronte aujourd'hui la Libye et la région maghrébine dans son ensemble.