“Dans trois ans, La Casbah pourrait être totalement restaurée… mais nous restons réservés”, déclare Abdelkader Ammour, secrétaire général de la fondation Casbah. Ces propos résument notre article paru le 04/11/2008 et qui n'avait pour but que d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur un patrimoine historique qui concerne tous les Algériens. Un patrimoine livré à lui-même durant des décennies. Ce n'est que récemment, fort heureusement, que les hautes instances du pays ont pris sérieusement les choses en main. Le grand mérite de ce modeste article est d'avoir suscité la réaction des spécialistes comme MM. Abdelouahab Zekagh et Mourad Bouteflika, architectes restaurateurs chefs de projets Casbah Alger et dont nous publions intégralement la contribution suivante : La présentation de site historique devenu secteur sauvegardé en 2005 a une superficie de 105 ha actuellement et il englobe non seulement le restant du tissu traditionnel inutile par le colonialisme français mais également le reste du tissu environnant, de période plus récente (coloniale) et compte finalement 1 816 bâtisses. Depuis l'évènement des textes juridiques (loi 98/04, les deux décrets 02/324 de 2003 portant maîtrise d'œuvre des plans permanents de sauvegarde et celui de 2005 délimitant le secteur sauvegarde de La Casbah, les choses ont radicalement changé et on est passé des interventions ponctuelles par îlot échantillon à un vrai ratissage de tous le secteur en vue d'arrêter définitivement le processus de dégradation. En effet, et outre les études effectuées jusqu'en 2003, un vrai plan de sauvegarde est en cours d'élaboration par le Cneru, sous l'égide de la wilaya d'Alger et le ministère de la Culture. Ce plan dirigé, comme le stipulent les nouveaux textes, par un architecte restaurateur, est en phase finale précédée par une première phase intitulée “diagnostic et mesure d'urgence”, sachant que la phase d'étude, terminée en juin 2007, est en cours de réalisation depuis février 2008. Le secteur sauvegarde est divisé en 17 îlots, de 20 à 30 maisons chacun, patronnés par 17 BET chapeautés par autant d'architectes restaurateurs qualifiés par le ministère de la Culture depuis 2006. Les BET dirigent 107 entreprises installées sur les lieux depuis le lancement de l'opération. Sur les 1 816 bâtisses recensées, 343 ont été classées dans l'extrême urgence et nécessitent une intervention immédiate. Les chantiers en cours actuellement concernent 160 bâtisses qui ont reçu trois types de travaux, à savoir : l'étayement et confortement intérieurs et extérieurs pour éviter leur effondrement, la mise hors d'eau de ces derniers pour éviter la détérioration des structures (bois, maçonneries de terre et chaux), la maîtrise des systèmes hydriques (eaux pluviales, eaux usées, curage des réservoirs souterrains et des canalisations). D'autres travaux spécifiques à des situations particulières sont actuellement entrepris pour contribuer à l'arrêt définitif de l'hémorragie. Cette première phase sera suivie d'une deuxième (avant-projet du plan équivalant du POS) qui consiste en un rapport de présentation, un règlement de gestion urbaine de ce secteur et la cartographie/ radiographie de toutes les composantes du secteur de sauvegarde. Toutes les phases du plan font l'objet de concertation et d'affichage public permettant à tous les secteurs de la société de contribuer à son élaboration, à l'exemple des associations invitées à en débattre comme la fondation Casbah, les Amis de La Casbah. La population facilite pleinement cette opération après approbation. Le plan permanent de sauvegarde sera appliqué au tiers et constituera la référence pour toute action de restauration, conservation, mise en valeur et gestion de tous les aspects socioéconomiques du secteur. Il est à noter que d'autres grands projets de la capitale sont en cours d'étude, il s'agit de la révision du Pdau, de l'aménagement de la baie d'Alger et du métro d'Alger. Les organismes chargés de ces projets travaillent en concertation avec ceux du PPSMVSS (pour ce qui est du secteur de sauvegarde). L'?tat algérien a plus que jamais mis tous les moyens, humains, financiers et juridiques pour que La Casbah d'Alger protégée soit dotée d'un plan permanent de sauvegarde, à l'instar de toutes les villes historiques classées. A. F.