Un débat âpre et houleux, nous dit-on, a accompagné les délibérations qui ont été marquées par plusieurs difficultés. Le rideau est tombé samedi dernier sur le Festival du film amazigh de Ghardaïa où le verdict a été donné après délibérations du jury. Ainsi, ont reçu l'Olivier d'argent, deux films qui sont classés ex æquo, Yugurten (le roi numide Jugurtha) de Mokrane Aït Saâd, un documentaire de 40 minutes, et Tirest (le puits) de Noureddine Bekkaye, un documentaire de 26 minutes, auront à partager la valeur de l'Olivier, soit 100.000 DA chacun. L'Olivier d'or a été quant à lui, décerné à deux films, à savoir Mon village de Karim Moustafan, un documentaire de 39 minutes, et Qu'as-tu fait de tes 20 ans d'Ali Hadjaz, un autre documentaire de 52 minutes. Le résultat fut arrêté après un «débat âpre et houleux», nous dit-on. Et Slimane Benaïssa, dramaturge, homme de théâtre vivant actuellement en France et néanmoins originaire de Guelma de souligner en premier, en sa qualité de membre du jury: «Au-delà de la disparité des films et leurs préoccupations très écartelés, leur seule unité était la langue». Cependant, Slimane Benaïssa n'a pas manqué de noter l'importance de l'image dans l'art cinématographique. Il s'est demandé à cet effet: «Avons-nous cette représentation de l'amazighité dans l'image?». Le directeur du Centre national de cinématographie algérienne, M.Aït Oumeziane, a, quant à lui, relevé: «Nous avons trouvé des difficultés à délibérer». Selon lui, tous les films pèchent par ce manque de cohérence et notamment cet emploi inadéquat de la musique pour accompagner les images. Aussi, tous les jurés étaient unanimes à confier être «confrontés à une série de problèmes et cela est dû, en partie, à la difficulté à décerner des prix en évaluant sur un pied d'égalité des films de jeunes amateurs et d'autres de professionnels confirmés». Trois critères, nous dit-on, ont été nécessaires pour ce faire. D'abord, la thématique du film, son ouvrage, l'intérêt au travail de recherche ou d'enquête. Ensuite la qualité technique du film (son, image, montage, intérêt visuel). Le troisième est celui artistique qui met en avant l'émotion que peut procurer le film. Mohamed Bensalah, critique de cinéma, a émis pour sa part plusieurs propositions à même d'organiser une meilleure édition du Festival du film amazigh qui se tiendra à Tlemcen. «Ce qui serait intéressant de faire, c'est de proposer un prix public et puis décerner des prix à la meilleure interprétation de l'image et du son. Il faut également impliquer la société civile, notamment les associations, et les préparer à cela plusieurs mois avant». Le festival s'achèvera par la projection de nombreux films, le fruit des ateliers initiés pendant ces cinq jours du festival, du 26 au 31 décembre par les sections Education à l'image pour les enfants et Initiation à la réalisation de documentaires à l'adresse des adultes. Cinq groupes dispatchés en trois niveaux ont présenté leurs travaux, fruit d'un travail d'équipe chevronné, à cogiter ensemble puis tourner et monter. Aussi au-delà de la qualité improbable des films présentés en langue amazighe, le point fort de ce festival restera ces ateliers avec les stagiaires, enthousiastes et assidus, passionnés de cinéma et que le festival tend à aider et à encourager. D'ailleurs, certains d'entre eux seront bénéficiaires prochainement d'une bourse à l'étranger. Les jeunes enfants ou les cinéphiles confirmés ont fait montre, avec l'aide de leurs encadreurs dévoués, de toute la volonté du monde pour aller au bout de leur mission jusqu'à travailler des heures et des heures durant, tard dans la nuit. Et c'est ceci qu'il faudra retenir. En effet, malgré les moyens rudimentaires dont ils disposaient, ils ont pu réaliser des sujets assez originaux. Reste cependant qu'un cafouillage technique a émaillé cette soirée de clôture qui fut amputée de deux projections de films très attendus. Enfin, l'occasion de liesse pour fêter le Réveillon, cette soirée a été riche en divertissement et marquée ainsi par le passage de nombreux artistes, notamment dans le chant kabyle, la musique irlandaise et la danse tango. En attendant la prochaine escale du Festival du film amazigh qui atterrira à Tlemcen, d'aucuns souhaiteraient que cet événement soit placé, pour le moment, sous le signe des rencontres, en attendant de meilleures perspectives dues essentiellement à une amélioration du programme des films en compétition dans le choix et classification de leur genre mais aussi de leur contenu.