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Le compte à rebours a commencé
BACHAR EL ASSAD
Publié dans L'Expression le 05 - 01 - 2006

La dernière sortie médiatique de l'ex-vice-président de la République arabe syrienne, Abdelhalim Kheddam, est venue comme un séisme de forte magnitude, assénant des coups violents à un régime déjà en proie à beaucoup de controverses et de contestations, tant de l'intérieur que de l'extérieur.
Ainsi, nous sentons, puisque connaissant bien la région, que jamais le régime n'a été autant fragilisé que maintenant, ce régime qui ne désemparait pourtant ni devant les instabilités de la région, ni devant les versatilités de ses chefs qui chantaient et chantent constamment des cantiques à ceux qui les «flagellent et les diminuent».
Est-ce le compte à rebours qui commence pour la Syrie, ce pays tant décrié pour ses persévérantes «désobéissances» aux plus forts de ce monde? En effet, tout se prépare dans la «clarté», celle que connaissent tous ceux qui usent et abusent du droit d'ingérence afin de rétablir l'ordre et instaurer le calme et la discipline dans ce pays où les responsables - peut-être vieux jeu, à leurs yeux -, ne se sont pas encore «reconvertis» et n'ont pas encore fait leur «mea culpa».
Damas et ses chefs doivent comprendre, une fois pour toutes, que dans la région, après la chute de Baghdad, joyau des Abassides, et le renoncement de plusieurs autres capitales arabes devant les offensives américano-sionistes, personne ne doit être fort, bien au contraire, tous doivent se présenter avec des échines souples et des esprits consentants..., c'est une exigence. Et pour saisir convenablement ce nouvel énoncé, «on» a choisi «l'enfant prodige», celui qui s'est éternisé dans le système, pour accabler ses dirigeants et leur coller mille et une avanies, oubliant qu'il était, lui aussi, repoussé, voire honni par les masses qui ne pouvaient s'exprimer hélas, devant ce Goliath de la phratrie d'alors.
Une ancienne théorie pour imploser un système, un régime, un groupe de personnes ou un Etat. Pourquoi pas, puisque les moyens existent et le désir est plus qu'un idéalisme transcendantal?
L'instrument idéal
Oui, on a choisi Kheddam, ce dirigeant baâthiste, qui fut le compagnon inconditionnel et plus que fidèle au Lion de Damas, feu Hafedh El Assad, avec lequel il a fait un long chemin, participé à toutes les campagnes, subi de dures épreuves et bu le calice jusqu'à la lie, pour jeter, comme cela, «ingénument», le discrédit sur un régime et flétrir une politique dont il a été l'un des concepteurs les plus écoutés. Franchement, ce « pavé dans la mare » était attendu, vu la somme de provocations et de menaces que la Syrie percevait comme des conséquences naturelles par rapport aux défis que vit la région, mais venant de Kheddam, c'est stupéfiant..., le moins que l'on puisse dire.
Ainsi, ceux qui l'ont briefé pour qu'il aille au charbon, ont su choisir le «bel instrument» pour avoir le meilleur alibi de la culpabilité de l'Etat syrien et de ses dirigeants dans l'assassinat de Rafik El Hariri et, pourquoi pas, des autres entourloupes qui se produisent dans ce microcosme, désormais sous haute surveillance, pardon..., sous haute provocation.
Il était serein, Kheddam, alias Abou Djamel, ce mentor énigmatique au visage candide malgré les années qui se bousculent dans ce corps menu et malgré les anfractuosités du temps qu'il sait cacher avec délicatesse et un maquillage fort discret. Il était confiant dans son discours. On le sentait à travers ses réponses qui ne souffraient d'aucune hésitation. Il était convaincu qu'il faisait oeuvre utile et pour de «bonnes intentions», selon ses dires. Pour les autres, pour tous les Syriens, même ceux qui ne peuvent sentir le régime, il «perdait la raison», en allant déblatérer, vider le sac et étendre le linge sale à partir d'une belle résidence parisienne que d'aucuns, parmi les «Grands», ne peuvent atteindre s'ils ne sont pas convenablement pris en charge. A moins que la retraite d'un cadre supérieur syrien puisse être largement suffisante et lui procurer tout ce luxe.
A notre tour, nous nous demandons, pourquoi a-t-il décidé de cette sortie maintenant? Que vise-t-il au juste? Est-ce le début de la fin pour ce pays qui est dans l'oeil du cyclone?
La succession est-elle ouverte en Syrie? Nous pouvons encore poser d'autres questions, les unes aussi embarrassantes que les autres, mais nous nous arrêtons à celle qui nous paraît la plus importante et qui est la suivante: n'a-t-on pas décidé quelque part - pour ce dernier bastion du front du refus - de mettre la fusée sur la rampe de lancement pour un imminent départ vers un changement radical au niveau de la politique, des structures et des hommes? Oui, cela pourrait être plausible, même logique, venant d'officines spécialisées, rompues aux artifices de la discorde et du fractionnement.
Ces fomentateurs de troubles savent que «la logique mène à tout, à condition d'en sortir» et ils ajoutent..., vainqueurs!
Et, encore une fois, nous revenons à ce fin limier de la diplomatie, à cet incontestable homme d'Etat qui ne fait rien pour rien.
En effet, Abou Djamel était là, fidèle à son charisme d'antan pour subjuguer au travers d'une fracassante déclaration, ceux qui attendaient cette offrande jamais ordonnée par un Syrien dans une ambiance aussi détendue. Quelle belle préparation pour un prochain sacrifice d'un pays, d'une Histoire plusieurs fois millénaire, d'un peuple calme et aimant la paix, sur l'autel de la trahison!
Oui, de la trahison, parce qu'à entendre parler ce porte-voix des «autres», l'on est contraint de comprendre qu'il a été «travaillé» par des gourous de la déstabilisation - comprenez ceux de la haute voltige - qui ne reculent devant rien. Ses expressions et ses phrases étaient précises, concises, quand il s'agissait de révéler certaines situations politiques, tout en les désavouant, bien sûr. Cependant, il parlait en sous-entendus quand il voulait impliquer le «désormais régime de la Syrie» et non le sien, avec lequel il vient de prononcer le divorce.
En réalité, Kheddam ne parle pas «pour des prunes» - une expression qui a pour origine le Chem, du temps des Croisades - il parle sûr, il parle «vrai» pour dire des choses importantes, et ses révélations, en cette période cruciale que traversent des courants adverses, libano-syriens, pour les situer dans leur contexte, ne sont pas gratuites ni même fortuites.
Nul n'est à l'abri
Ces révélations, qui viennent dans le sillage d'un discours fleuve pour secouer les esprits et déranger plus d'un dans les sphères politiques de la région, sont là également pour interpeller et les Syriens et l'ensemble des Arabes, tout en leur expliquant que personne n'est à l'abri d'un quelconque bouleversement ou d'une éventuelle fragilisation. N'est-ce pas, encore une fois, ce remarquable exemple de Kheddam qui, du baâthiste pur, mûr, dur et sûr, se retrouve de l'autre côté de la barrière, en train de charcuter son pays à travers ses responsables et balayer du revers de la main tout ce qui a représenté son règne pendant plus de cinquante années de militantisme? N'est-ce pas aussi de l'inconscience, ces revirements de situations, aussi brusques que les changements de climat, pendant les saisons difficiles? Non, ce n'est pas de l'inconscience! C'est purement et simplement une stratégie qui s'applique dans les normes du temps et de l'espace. Elle a son calendrier, elle a ses instruments, elle a ses hommes. Et Kheddam, bien sûr, est l'un de ces hommes, c'est-à-dire une partie de ce puzzle qui est en train de se reconstituer dans cette région chaude et récalcitrante du Moyen-Orient, pour la domestiquer et la mettre sous contrôle, voire sous domination de ceux qui régentent actuellement le monde. Reste maintenant les histoires d'assassinat de Hariri, les frontières syriennes qui déversent des hordes de terroristes en Irak, les refus répétés de Damas de collaborer avec les organes internationaux sur plusieurs affaires, tout cela, c'est de la «frangipane», comme dirait l'autre, c'est l'histoire du loup et de l'agneau, ni plus ni moins. Les décideurs, les grands, savent exactement qui a tué Hariri et les autres, ils savent exactement ce qui se passe à Baghdad, mais ils vont quand même chercher des poux dans la tête des Syriens. Ils savent tout quand nous, nous faisons semblant de ne rien connaître, comme si les pays, les nôtres, dans lesquels nous vivons, ne nous intéressent pas et de plus, ne nous appartiennent pas.
C'est triste, encore une fois, de voir un haut dignitaire comme Kheddam, offrir sur un plateau d'argent, la tête de ses frères, ceux qu'il a quittés il n'y a pas si longtemps, aux charognards de la politique internationale..., à ceux-là mêmes qui ne se sont jamais lassés de sucer le sang de ces «damnés de la terre» que nous avons été et que nous le demeurons toujours dans cette orbite des forces du mal. Quand bien même a-t-il eu des assurances de la part de ses amis pour remplir la tâche de premier magistrat du pays, une fois l'alternance mise en application, cela n'est pas suffisant à notre avis pour aller au-delà du raisonnable et trahir son peuple, au moment où ce dernier a besoin de l'ensemble de ses énergies et de ses potentialités pour répondre aux injonctions des uns et des autres et engager de sérieux programmes de développement pour l'intérêt général.
Enfin, une dernière évaluation ou une dernière question qui nous taraude, appelez-la comme vous voulez: quand bien même a-t-il été l'ami de Hariri, car lui-même sunnite, comme le défunt, a-t-il le droit de mettre son régime - décadent, pour lui - en difficulté, uniquement pour se venger? Car là, il est conscient qu'il vient d'ouvrir la brèche pour une future «opération» qui ne serait nullement à l'avantage de son pays et de ses responsables... Il est certainement conscient que ce qui n'a pas été bradé par les Alaouites, va être «réalisé» par un sunnite, c'est-à-dire l'allégeance à ceux qui ont déjà investi la région depuis longtemps et qui ne leur reste que cette partie, toujours fière de ses constantes et de son passé plusieurs fois millénaire.
Les réponses, nous les aurons demain, car les événements se précipitent à une vitesse telle que nous ne pouvons tous les contenir. En tout cas, cette sortie de Kheddam, un homme au grand passé, à l'intelligence envoûtante, n'est pas à inscrire dans le registre des banalités. Elle a été conçue pour faire mal, très mal, à ses adversaires syriens. Elle a été savamment orchestrée dans le but évident d'un changement radical au niveau du régime de Damas, un changement qui va dans la perspective du nouveau découpage de la région du Moyen-Orient. L'avenir nous en dira plus.


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