Au tribunal de Bir Mourad Rais (cour d'Alger), une grande juge du siège est là, tous les jeudis qu'Allah crée, rendant justice comme on le lui a appris à l'Ecole nationale de la magistrature. C'est ainsi qu'écoutant un jeune inculpé de tentative de vol, fait prévu et puni par l'article 350 du Code pénal, Samira Kirat, la présidente de la section correctionnelle, l'informe sur ses droits, à savoir, celui de constituer un conseil. Le pauvre type répondit aussitôt : « Normalement, est-ce que je peux vous poser un question autour de...? —-Non, normalement, ici, seul le tribunal peut et doit poser des questions. Répondez vite à mes questions, cela ira plus vitee ! » reprend la magistrate qui a peut-être eu tort de n'avoir pas laissé le détenu aller au bout de sa pensée car, il remettra ça à la prochaine occasion, mais l'inculpé montre des prédispositions étourdissantes en tenant tête à Kirat, pourtant une juge qui n'est pas tombée avec les dernières pluies de la fin mars 2019. « Mais madame, je veux bien un délai, le temps pour moi de constituer un avocat. Or, je ne peux pas répondre à votre question si vous m'empêchez de vous en poser une !» —-C'est quoi, ça ? C'est un jeu ou quoi ? J'attends votre réponse et le plus tôt serait le mieux ! » tonne la présidente, alors que Akila Bouacha, la représentante du ministère public pouffait et vidait le légitime fou rire. —-Allez-y ! lâche finalement Kirat qui sera surprise avec la question de l'inculpé : « Madame la présidente, je veux bien constituer un conseil, mais est-ce que la peine sera plus légère ou plus lourde que sans l'assistance d'un avocat ? » Il n'aura pas de réponse et sera jugé sur le délit commis et écopera d'une peine de six mois ferme, alors que la procureur en avait réclamé le double ! Le frais condamné jettera un regard complice à sa maman meurtrie qui nous confiera plus tard à la sortie du tribunal, loin du bruit et du brouhaha : « Je ne peux offrir à mon enfant ni avocat ni kiwi ni bananes... » Sans commentaire.