Le Haut Commissariat à l'amazighité (HCA) a consacré le numéro 15 de sa revue «Tamazight tura», qui vient de paraître, au poète, chanteur et militant de la cause berbère Matoub Lounès. C'est une sorte d'ouvrage collectif entièrement en langue amazighe. Les auteurs sont tous des universitaires, majoritairement des enseignants au département de langue et culture amazighes de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa. L'ouvrage est d'ailleurs coordonné par Yacine Zidane qui enseigne au département de tamazight de la ville de Béjaïa. En plus des universitaires qui offrent au lecteur des analyses académiques et un regard scientifique sur la poésie de Matoub Lounès, ce numéro spécial comprend aussi des articles écrits par des auteurs et écrivains connus dans le milieu de l'édition amazighophone. C'est le cas par exemple de Djamel Laceb, Mohand Ait Ighil et Ramdane Abdennebi mais aussi Messsaoudène Fahim. Dans son introduction à cet ouvrage dont la parution coïncide avec le vingt et unième anniversaire de l'assassinat de Matoub Lounès, Assad Si El Hachimi, secrétaire général du HCA explique les raisons qui ont présidé à ce choix de consacrer le 15ème numéro de la revue «Tamazight Tura» à Matoub Lounès. Assad explique notamment le choix fait de donner le titre de «Textes et analyses sur Matoub Lounès» à cette revue. Assad précise aussi, dans son introduction, que plusieurs universitaires ont signé des articles dans cette publication, notamment des universités de Batna, Tizi Ouzou, Bgayet et Bouira. Assad a mis l'accent sur le fait que Matoub Lounès est le poète et chanteur kabyle le plus célèbre et sa poésie fait l'unanimité concernant sa richesse et sa densité. Assad explique en outre que cette revue se veut un hommage de la part de cette institution étatique rattachée à la présidence de la République à un immense poète. Dans le même sillage, Yacine Zidane, le coordinateur de cette revue, répond pour sa part à la question : pourquoi le numéro 15 de la revue «Tamazight tura» est un hommage à Matoub Lounès. Dans ce premier article, Yacine Zidane rappelle avec exactitude le nombre et les titres de tous les livres ayant été écrits sur Matoub Lounès depuis son assassinat à ce jour, une manière de montrer que l'œuvre et la vie du Rebelle sont des sources d'inspiration inépuisables. La revue est divisée en plusieurs chapitres. Le premier est consacré naturellement aux textes inhérents à la vie de Matoub Lounès. Le deuxième chapitre comprend des études et des analyses sur la poésie du Rebelle. Il est intitulé : «Regards sur la littérature de Lounès». Quant au troisième et dernier chapitre, il est réservé aux images poétiques dans l'œuvre du Rebelle. Tous les aspects de la poésie de Matoub Lounès sont abordés dans cette revue y compris les textes les plus virulents contre le système politique qui a dirigé l'Algérie après l'indépendance et qui avait décidé d'exclure la dimension amazighe de l'identité algérienne. Il en est de même concernant les poème de Matoub Lounès où il dénonce l'extrémisme religieux et le terrorisme que ce dernier avait engendré durant les années quatre-vingt-dix. Les textes du Rebelle, jugés très audacieux et anticonformistes, sont également profondément analysés par les chercheurs qui ont participé à cet ouvrage collectif, le premier du genre en langue amazighe. La revue aborde les thèmes inhérents aux conflits «internes» entre les membres de la famille militante amazighe, surtout au lendemain de l'ouverture dite démocratique de 1989 et ayant vu la création de plusieurs partis politiques par d'anciens militants de la cause berbère qui étaient jusqu'à l'époque unis. Mais lesquels sont devenus presque des «ennemis» politiques du jour au lendemain. Un phénomène qui a été longuement décortiqué et dénoncé dans les poèmes de Matoub Lounès. Comme on peut le constater, la revue brosse un tableau des plus exhaustifs sur l'œuvre poétique de Matoub Lounès. Le mérite des concepteurs de cette publication, c'est d'avoir réussi à livrer un travail scientifique à 100 % en tamazight, la langue pour laquelle s'est sacrifié le Rebelle. Cette revue est offerte gratuitement. Pour cela, il suffit de se rapprocher du Haut Commissariat à l'amazighité à Alger.