Après un démarrage quelque peu «poussif», ou encore «précipité», diraient les uns et les autres, selon leurs lectures de la crise que traverse le pays et les moyens à mettre en œuvre pour en sortir, les premiers pas du dialogue inclusif semblent prendre forme et intéresser les acteurs de la scène nationale. Ainsi, au lendemain de la rencontre des six membres du panel avec le président de l'Etat et la médiatisation qui en a suivi, l'Association des oulémas algériens a pris sur elle, de proposer sa propre liste de «candidats» au dialogue où l'on y voit pêle-mêle, un certain nombre de personnalités, bien plus d'une dizaine, certains ayant montré quelques compétences dans leurs domaines respectifs, alors que d'autres, ont brillé par leur «platitude» et surtout leur anachronisme par rapport aux défis auxquels est confrontée la nation depuis l'avènement du Mouvement populaire. De fait, l'Association des oulémas algériens qui a très mal accompagné la société en s'appropriant des thèses islamistes à dix mille lieux du référent religieux national, tel qu'assumé par les fondateurs de l'Association, pense avoir un rôle à jouer dans la recherche de la solution à la crise institutionnelle qui secoue le pays. Les oulémas qui n'avaient pas hésité une seconde à s'associer à toutes les campagnes islamistes, contre la réforme du Code de la famille et celle de l'école, s'amusent aujourd'hui, à proposer à l'Etat ou à la société, on ne le saura pas, leur panel de personnalités nationales qu'ils pensent susceptibles de réunir assez d'Algériens autour d'eux pour réaliser un consensus. Les membres de l'Association des oulémas oublient qu'à travers leurs prises de position à l'encontre de l'aspiration de modernité de la société, ne peuvent en aucun cas constituer un recours pour celle-ci, lorsqu'elle se retrouve en situation de crise, comme c'est le cas, depuis le 2 avril dernier. Autant, les oulémas ont été les instruments d'une idéologie islamiste hors sol et donc incompatible avec des pans entiers de la société, autant ils se sont rendus totalement invisibles dans le débat sociétal et n'ont été d'aucun apport dans l'effort de déradicalisation initié par l'Etat, dans le cadre de la lutte contre l'extrémisme religieux. Bien au contraire, l'Association a joué un jeu plutôt hypocrite, en tenant le bâton par le milieu, ce qui lui a d'ailleurs valu, une marginalisation historique, au point où les Algériens en sont arrivés à en oublier l'existence.C'est donc cette Association, insipide politiquement, infidèle religieusement et incorrecte socialement qui veut faire son entrée dans le dialogue national, non pas comme un acteur parmi des milliers d'autres, mais en qualité d'initiateur, voire de «propulseur» d'un processus, aujourd'hui vital pour l'avenir du pays. Les oulémas qui ont, depuis plus de cinq décennies, joué d'abord aux équilibristes devant un pouvoir socialisant et ferme dans ses intentions, ensuite nageant entre deux eaux, pour se fixer sur une rive très éloignée des aspirations profondes des Algériens en matière de pratique cultuelle ancestrale, tente de trouver sa place dans les «méandres» d'un processus, dont on devrait pourtant connaître les tenants et les aboutissants. La démarche de l'Association des oulémas n'est pas si saine qu'il n'y paraît pour la simple raison que des voix ont déjà critiqué la composante initiale du panel pour ne pas compter en son sein des représentants du courant islamiste. L'activiste Islam Benatya, contacté pour faire partie de la composante du panel, l'a d'ailleurs ouvertement affirmé dans un entretien diffusé sur la page facebook du quotidien El Hiwar. Il a même proposé deux noms qui figurent sur la liste de l'Association des oulémas algériens. La question qui se pose est de savoir, si les islamistes veulent contribuer à sauver l'Algérie ou s'assurer une place de choix dans la nouvelle République.Il faut bien se rendre à l'évidence, que côté, islamiste, les grandes manœuvres ont déjà commencé.