Alors que le président de l'Association des oulémas refuse de rejoindre le panel, une nouvelle recrue se distingue en portant la contradiction à Karim Younès sur la question des détenus d'opinion. Pour sa première réunion depuis le veto du chef de l'armée, le panel des personnalités chargé de coordonner "le dialogue inclusif" semble naviguer à vue. Il a tenu une réunion, hier à Alger, pour discuter de l'avenir du dialogue. Mais visiblement, l'œuvre de l'équipe de Karim Younès a des difficultés. Pour "l'entame du travail", le panel a enregistré des défections. La plus importante de ces reculades est celle d'Abderrazak Guessoum, président de l'Association des oulémas. Alors que son nom a été mentionné dans le groupe chargé de "contacter les partis et associations", le président de l'Association des oulémas a décidé d'agir en dehors du panel. Il a rendu public un communiqué dans lequel il rappelle qu'il refuse de participer à un quelconque dialogue si les préalables posés ne sont pas satisfaits. Pour les "badissis", en référence à Abdelhamid Benbadis, fondateur de l'Association des oulémas, les "conditions de dialogue ne sont pas réunies". C'est pour cela que leur président a refusé de rejoindre le groupe de travail. D'autres figures, moins connues certes, ont également fait défection. C'est le cas du Pr Adda Bounedjar, cancérologue, ou encore de Mohamed Bekkat-Berkani, président de l'Ordre national des médecins. Ces deux derniers n'ont pas donné d'explication à leur absence. En revanche, le panel a été rejoint par des figures du mouvement associatif et des universitaires. Ainsi, l'universitaire Ammar Belhimer est désormais membre de la "commission politique". Ce "groupe de sages" est chargé de contacter les personnalités nationales, les partis politiques et le mouvement associatif pour participer au dialogue. Le travail de ce groupe commencera aujourd'hui, précise un communiqué du panel rendu public hier. L'objectif de cette entreprise est de récolter les "initiatives" susceptibles de faire sortir le pays de la crise. Fait nouveau, le communiqué signé par Karim Younès ne fait pas référence à l'élection présidentielle comme seul et unique sujet de discussion. Il souhaite ratisser large malgré le refus exprimé par la classe politique et la société civile. Le panel assure que "toutes ces plateformes et ces propositions constitueront des documents de travail qui seront utilisés pour l'élaboration des propositions qui seront présentées à la conférence nationale qui sera organisée à la fin des consultations". Pour tenter d'avancer dans le travail avant même la tenue de la conférence nationale de dialogue, le panel a créé des "commissions de travail". Il s'agit essentiellement d'un groupe chargé de préparer les textes réglementaires (code électoral et instance de préparation des élections). Il est composé de juristes, à l'image de Fatiha Benabbou et de Bouzid Lazhari, rejoints par Fatma-Zohra Benbraham. Cette avocate controversée a déjà créé un début de polémique en affirmant qu'il n'existait pas de "détenus politiques", se mettant ainsi en contradiction totale avec le coordinateur du panel, Karim Younès. À ce dernier qui continue de revendiquer des "mesures d'apaisement", l'avocate a indiqué que cela était "illégal". D'autres commissions ont été créées. En plus de celle qui s'occupe des médias, la journaliste Hadda Hazem est dans l'équipe chargée de "sensibiliser le mouvement associatif" et "le mouvement féminin". Il reste, désormais, à cette équipe d'affronter la réalité du terrain, qui est loin d'être favorable à la démarche du panel.