Il y a une année, le 2 août 2018, Djamel Belmadi est nommé «par défaut» sélectionneur de l'Algérie. Le contexte était très simple : le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Kheireddine Zetchi, cherchait un « sélectionneur de taille mondiale ». Le dernier cité comme probable successeur de Rabah Madjer était le Portugais Carlos Queiroz. Chez les supporters des Verts, on pensait à Vahid Halilhodzic, mais il avait refusé de poursuivre avec les Verts après sa très bonne performance lors du Mondial 2014. Puis, c'est vers le coach Djamel Belmadi que les supporters algériens se sont retournés pour le réclamer. Se trouvant devant le fait accompli, Zetchi finit par solliciter ce dernier. L'ex-coach d'Al Duhaïl n'a pas hésité à répondre par le positif pour son pays. D'ailleurs, lors de sa première conférence de presse et à la question de ce qu'il pense s'agissant du fait qu'il est «le plan B du président de la FAF», Belmadi répond sans hésiter : «ça ne me dérange pas que je sois le plan A, B, C ou même Z, car l'essentiel pour moi c'est l'Algérie.» Voilà qui était bien clair. Concernant son objectif en signant un contrat jusqu'en 2022, Belmadi annonçait à la stupeur générale : « Je veux changer cette mentalité d'aller joueur la CAN pour aller le plus loin possible ou juste les demi-finales. Moi, je veux arracher la coupe d'Afrique. On peut dire que je suis fou, mais il n'y a rien de mal à avoir de l'ambition. Surtout qu'elle est gratuite. » Premier travail d'importance pour Belmadi, c'est de choisir les joueurs avec lesquels il veut atteindre cet objectif. Il fait une revue très large de tout l'effectif, soit une quarantaine ou une cinquantaine de joueurs. Et lorsqu'il annonce la liste des 23 pour aborder la phase finale de la CAN-2019 en Egypte : c'est le tollé général. Les médias lui reprochent de choisir des joueurs n'ayant pas de temps de jeu, et surtout qui n'ont pas du tout convaincu dans leurs clubs respectifs tels que Guedioura et Slimani… Pour résumer les différentes explications spécifiques pour chaque joueur critiqué, on résume la réponse de Belmadi en ces termes : «Je pense que j'ai choisi les joueurs qui répondent à ce que j'attends de leur part. Et puis l'essentiel c'est l'esprit d'équipe. Ce ne sont pas les individualités qui feront la différence.» La communication a été un point d'importance capitale dans la réussite de Belmadi avec les Verts. Il a d'abord bien inculqué à ses joueurs l'esprit de la gagne et de la hargne,tout en instituant une relation franche et directe avec les médias. Il gagne contre le Kenya sans convaincre, pour ses débuts à la CAN, mais le grand test face au Sénégal est bien réussi. Les fans des Verts commencent, alors, à croire en cette sélection. Belmadi montre qu'il a bien choisi ses joueurs en alignant une équipe « B » face à la Tanzanie qu'il gagne avec un score large. Les fans des Verts s'impatientent, il bat la Côte d'Ivoire puis le Nigeria et ce sont les fans des Verts que Belmadi gagnera, eux qui demandaient à se déplacer au Caire. Les responsables politiques, ainsi que l'ANP répondent par le positif, en organisant des ponts aériens, aussi bien en demi-finale, qu'en finale face au Sénégal. Belmadi et ses joueurs gagnent une fois de plus le Sénégal mais cette fois-ci en finale et ils sont champions d'Afrique. La fête a débuté au Caire et s'est prolongée dans le pays et un peu partout dans le monde où il y a une communauté algérienne. Aujourd'hui, les fans des Verts croient en Belmadi et ses joueurs et il a, pour ainsi dire, carte blanche et surtout le soutien indéfectible de toute la population. Ses performances lui ont permis de figurer parmi les 10 entraîneurs nominés pour le prix FIFA The Best, consacrant le meilleur entraîneur du monde de l'année. Une performance jamais réalisée par un entraîneur algérien. Les prochains objectifs sont simples : confirmer le titre africain au Cameroun en 2021 et «battre» le record de Halildhodzic en coupe du monde surtout que la prochaine édition aura lieu au Qatar qui, pour Belmadi est « mon deuxième pays après l'Algérie…».