Alors que les Français sont optimistes, les Américains classent l'économie algérienne parmi les moins ouvertes. Faut-il croire aux sondages qui se font sur l'évolution économique de chaque pays et les prévisions de croissance? Ça dépend, selon toute vraisemblance, des indicateurs pris en compte et des éléments de base étant intervenus lors du calcul d'évaluation. Le cas de l'économie algérienne, deux balances différentes, à savoir française et américaine, ont montré que, d'un côté les choses sont plutôt satisfaisantes pour ce qui est de la gestion de l'assiette financière de l'ordre de 56 milliards de dollars; de l'autre, l'association américaine Irth, en collaboration avec l'Institut Frazer de Francfort, ont classé l'Algérie en 119e place en matière d'ouverture économique. Deux sondages différents et deux résultats diamétralement opposés. Pourquoi? Et, qui croire? Au départ, il faudrait accepter le fait que lorsque deux calculs diffèrent à la base, l'évaluation ne peut avoir les mêmes résultats. Le nouveau classement de l'Algérie, établi par l'organisme français Coface, assureur-crédit, tient compte de la «bonne volonté politique» mais aussi d'une économie dynamisée par primo, un processus de réformes approfondies, et secundo par une assiette financière de l'ordre de 55 milliards de dollars, présentée comme étant l'enveloppe destinée au soutien à la relance économique. Il faut dire que la notation «a-rating» de la Coface est établie sur la base d'indicateurs regroupés en 7 familles de risques dont chacune fait l'objet d'une note individuelle. Il s'agit surtout de la stabilité politique, la vulnérabilité de la conjoncture, le risque de crise de liquidités en devises et le comportement de paiement des entreprises. En guise de rappel, selon la Coface, l'Algérie a vu sa position améliorée et passer de la notation «B, surveillance positive» à la notation A4. Quant au sondage des Américains, huit critères d'estimation ont été pris en compte pour évaluer l'ouverture économique en Algérie. Il s'agit entre autres de la politique commerciale et fiscale mise en application, le degré de l'implication de l'Etat dans la gestion économique, le taux d'investissement étranger, la situation des banques et le financement de l'investissement et la politique de lutte contre l'informel et le marché parallèle. Ainsi, l'économie algérienne, en référence à ce que montre le sondage américain, est classée 119e sur l'échelle de l'ouverture et 12e parmi les pays arabes, loin des pays du Golfe et du Maghreb. En deux mots, l'économie algérienne est qualifiée de faible ouverture. A contrario, la Coface explique dans son dernier rapport que l'Algérie a de «meilleures perspectives économiques». Pour rappel, dans sa dernière évaluation de l'économie algérienne, le même organisme français relève «une politique économique rigoureuse et une gestion active de la dette extérieure», chose qui a «conforté la situation économique et financière de l'Algérie». Quoi qu'il en soit, une économie en pleine mutation n'échappe pas aux enjeux des chiffres et des évaluations. Loin d'être le traditionnel allié économique du monde socialiste, l'Algérie est avant tout, aujourd'hui, un pays qui tente de réussir sa transition économique, en dépit des carences relevées. Le pari est osé. Parmi justement ces carences, le système douanier qui voulait se relooker est pointé du doigt par les analystes américains. Une administration bureaucratique qui traîne toujours lamentablement la patte, un système fiscal et financier non conforme et secoué par des scandales. En dépit de cela, l'Algérie espère encore parvenir à redresser son économie. La réforme, tous azimuts est enclenchée, pourvu que la «bonne orientation de l'économie suive», déduit la Coface dans son rapport annuel sur le classement des pays.