Tous les immigrés clandestins ne cherchent pas un emploi pour gagner leur vie correctement. Du trafic de drogue et de documents à la prostitution en passant par les arnaques en tout genre, le phénomène de l'immigration clandestine prend des proportions incontrôlables. Des dizaines de ressortissants étrangers sont arrêtés chaque mois aux frontières, principalement au sud de Tamanrasset et à l'ouest du pays. Leur objectif principal est de passer l'«écueil» nord-africain, espérant atteindre en quelques jours ou mois, plus tard l'«éden» européen. Mais, entre-temps ces immigrants s'adonnent à des pratiques, aussi «clandestines» que leur situation. Et les exemples ne manquent pas. En effet, plus de 2 millions de dinars est le montant du dommage causé à l'entreprise Algérie Télécom, du fait de l'utilisation frauduleuse des terminaux WLL, offrant une ligne téléphonique ininterrompue sur l'indicatif 020. Aux yeux de la loi, cette arnaque s'apparente à un crime économique. Fausse piste: elle est le résultat d'un leurre dont a été victime le préposé de l'agence Actel d'El Harrach, affiliée à l'entreprise sus-indiquée et faisant dans la vente des terminaux WLL. Bien évidemment, Algérie Télécom dépose plainte au niveau de la division de la police judiciaire (PJ) de la sûreté d'Alger-centre. Les conclusions de l'enquête menée par la police sont surprenantes. Les auteurs de cette escroquerie ne sont autres qu'une poignée de ressortissants africains, en séjour irrégulier à Alger. Ces derniers auraient user et abuser des services que procure un téléphone mobile équipé d'une ligne WLL sans se soucier, pour rien au monde, du paiement des factures. C'est que ces immigrés clandestins ont acquis cet appareil via les circuits informels, voire selon une pratique illicite. En effet, selon l'officier Kouadri Khadidja, chef de la section PJ de la lutte contre l'immigration clandestine relevant de la sûreté d'Alger, des Algériens «indélicats» ont émis de fausses déclarations au sujet, notamment, de leur identité pour l'achat d'une ligne WLL pour la revendre par la suite à des ressortissants du continent noir, qui en font un usage excessif pour des contacts partout dans le monde. Notre interlocutrice nous indique qu'une fois le téléphone WLL acquis, il sera cédé aux immigrés clandestins, moyennant une somme moyennant 50.000 dinars. Elle exhibe, à titre de pièce à conviction, une liasse de documents où sont mentionnés les appels émis à destination des quatre coins de la planète. Des appels portés sur la liste des factures restées impayées au niveau de l'agence Actel d'Algérie Télécom d'El Harrach. Lesquelles factures correspondant à l'utilisation de cinq terminaux WLL, dont un seul uniquement a pu être récupéré par la police, puisqu'il a été laissé à l'abandon à l'intérieur d'un bain maure de la périphérie algéroise. En termes de crimes économiques impliquant des ressortissants africains, la section de la police judiciaire chargée de la lutte contre l'immigration clandestine à Alger a eu à traiter deux affaires en 2005. Une dizaine d'Africains ont été interpellés et ont tous été mis sous mandat de dépôt après leur présentation devant la justice. Cependant, les maux qu'entraîne le fléau de l'immigration ne se limitent pas aux squats des lignes WLL. Loin s'en faut. Des entrepreneurs sans scrupules Dans son bilan d'activité inscrit pour le compte de l'année 2005, la seule section de la police judiciaire d'Alger-cen-tre a recensé un total de 56 affaires délictuelles dont ont été auteurs quelque 158 ressortissants africains. Ces méfaits ont trait à diverses formes de criminalité, notamment le faux et usage de faux (18 affaires), usurpation d'identité (22), escroquerie (7), de même que les éléments de la section ont réussi le démantèlement de réseaux de trafic de drogue où il était question de commercialisation d'héroïne. Parmi les individus interpellés du fait de leur implication avérée dans ces affaires de criminalité, 123 d'entre eux ont été mis sous mandat de dépôt alors que 17 autres ont été expulsés ou rapatriés dans leur pays d'origine. En outre, les méfaits de l'immigration clandestine ne se concentrent pas uniquement au seul territoire de la capitale. Des centaines de crimes et délits sont annuellement dévoilés par les services de sécurité, tous corps confondus, notamment dans les grandes métropoles du pays, telles que les villes d'Oran, Constantine, Annaba ainsi que la ville de Tamanrasset dans le Sud algérien. Les arrestations des immigrés clandestins en Algérie se comptent par milliers. Notons également que le fléau de l'immigration clandestine s'est particulièrement accentué durant la récente décennie, au moment où notre pays était confronté à la montée du terrorisme qui menaçait réellement l'existence de la République. A cette époque-là, les forces de sécurité étaient engagées dans une lutte implacable en vue de venir à bout du danger intégriste, se souciant peu des flux migratoires massifs. Les candidats à l'immigration clandestine sont issus pour la plupart des pays de l'Afrique centrale: Ghana, Niger, Nigeria, Zaïre, Cameroun, Sénégal Burkina Faso, etc. L'on avance que la sécheresse, l‘endettement, le désengagement économique des puissances occidentales et les guerres fratricides, sans compter la misère sévissant dans ces pays, sont autant de fléaux qui poussent les immigrés clandestins à quitter leurs pays pour d'autres cieux plus cléments, en l'occurrence les capitales européennes. Une fois arrivés sur le territoire algérien, au terme d'une traversée de déserts jalonnée de traquenards, souvent mortels pour de nombreux immigrés clandestins, les survivants marquent une halte dans notre pays, question de se ressourcer et surtout de se renflouer en argent. Ainsi, certains des ces ressortissants africains tentent de gagner leur vie honnêtement en exerçant toutes les sortes de jobs, allant de la vente des vêtements et des plantes médicinales jusqu'au travail dans des chantiers où ces immigrés sont surexploités d'une façon éhontée. Le cas de Mamadou, un ressortissant malien rencontré au Bois-des-cars, dans la commune de Dely Ibrahim, illustre parfaitement la situation des immigrés clandestins. «J'ai travaillé pendant un mois chez un entrepreneur de Chéraga. Il venait ici, au Bois-des-Cars, chaque matin, pour nous transporter au chantier. On travaille jusqu'à une heure tardive de la soirée, et quand on lui demande de nous payer, il se montre agressif en nous signifiant l'ordre de quitter les lieux, faute de quoi, il avertira la police pour nous embarquer.» Ainsi, il apparaît clairement que des entrepreneurs du bâtiment sans scrupules en tirent un profit certain en faisant travailler au noir ces ressortissants en situation irrégulière. Cependant, ce n'est pas la totalité des immigrés clandestins qui cherchent un emploi pour gagner leur vie correctement. D'autres, en revanche, s'enlisent dans des pratiques illicites, causant un préjudice certain à de nombreux Algériens. Cette catégorie d'immigrés clandestins est plutôt redoutée par nos concitoyens, notamment pour leur manière d'exceller dans le trafic de monnaie, de même que dans la falsification de documents, en particulier les passeports. Des Algériens complices... Selon l'officier Kouadri Khadidja, en charge de la lutte contre l'immigration clandestine près la PJ d'Alger-Centre, cette même catégorie de clandestins malhonnêtes bénéficie malheureusement de la complicité d'Algériens, qui leur assurent et l'hébergement et le transport. Pis encore, ces complices s'occupent également, selon notre interlocutrice, de la recherche des victimes que les immigrés clandestins s'attellent à escroquer suivant des méthodes bien à eux. En termes de victimes, ces arnaqueurs préfèrent plutôt les commerçants grossistes ou bien les personnes en possession de grandes sommes d'argent. La police d'Alger a déjà fait état, dans le passé, d'affaires de ce genre où des Algériens étaient tombés victimes d'escroqueries se chiffrant à plusieurs centaines de millions de centimes. La dernière affaire en date remonte au mois de décembre écoulé où un réseau de trafic de monnaie, composé d'une trentaine de ressortissants africains, a été démantelé dans la localité de Aïn Bénian. S'agissant du trafic de passeports, notre source affirme que la plupart des immigrés clandestins, une fois arrivés en Algérie, ont toujours cette envie de trafiquer un passeport malien, du fait principalement de l'inexistence de visa entre l'Algérie et le Mali.