Sans une politique de prévention et de répression, le crime organisé augmentera de 188% d'ici à 2010. Le crime organisé est devenu, depuis quelques années déjà, une réalité amère dans ce pays. Présentant trois dénominateurs communs, à savoir des activités illicites au regard de la législation nationale, profit immédiat et un caractère transnational, le crime organisé était, bien avant les années 90, un phénomène inconnu dans le pays et auquel, aujourd'hui, les services de sécurité sont confrontés de jour comme de nuit. Il va sans dire que le contexte est vécu comme un drame par la société algérienne. A l'instar des autres wilayas, Constantine ne fait pas exception. Les citoyens vivent dans une totale inquiétude, eux qui sont conscients que leur ville est devenue un lieu de trafics en tout genre : drogue, contrebande, contrefaçon, trafic de véhicules, agressions (particulièrement à l'arme blanche), vols, fausse monnaie et prostitution. Des activités illégales qui profitent à des individus sans foi ni loi. Le taux de criminalité organisée à Constantine est en nette augmentation. Le dernier acte remonte à seulement dimanche dernier, quand deux individus à visage découvert s'en sont pris à un véhicule qui transportait des fonds s'élevant à 250 millions de centimes au niveau de la trémie de la mosquée Emir Abdelkader. Les faits se sont déroulés à 9h 30, au vu et au su de tout le monde. L'attaque a été rapide et brutale, et les deux malfrats réussiront aussitôt à prendre la fuite. Cet acte, vécu pratiquement au quotidien, ne s'inscrit pas dans le cadre de l'action «individuelle». Si l'on prend en considération les analyses des services de sécurité de la Gendarmerie nationale. En effet, vu l'ampleur que prend la criminalité, puisqu'au terme de la convention internationale, elle se définit comme des activités criminelles, ayant pour but le gain facile, menée par une organisation avec existence de liens hiérarchiques, dont les membres agissent avec violence et intimidation ou parfois recourent à la corruption. Les services de sécurité font ressortir dans leurs analyses que le taux de criminalité, qui ne cesse de prendre des proportions alarmantes, n'est en fait que la conséquence de la décennie rouge. C'est ce qui a résulté des activités terroristes qui ont presque réussi à plonger le pays dans le chaos. Du fait que le taux de pauvreté a considérablement augmenté, le chômage est aussi l'un des facteurs majeurs qui a provoqué cette situation, et qui fait qu'à présent, les forces de l'ordre font face à un drame social incontournable. Ces derniers (les services de sécurité), qui travaillent d'arrache-pied, ont déclaré que rien pour le trafic de drogue, celui-ci représente 22% de l'ensemble de leur activité, la contrebande est, quant à elle, de 60%, se traduisant par la saisie de grandes quantités de produits alimentaires, de cigarettes, de cheptel, de carburant et de boissons alcoolisées. Pour ce qui est de la fausse monnaie, elle représente 4% de l'activité des services de sécurité. Le trafic de la fausse monnaie est devenu une pratique courante à Constantine, comme dans les autres wilayas depuis l'avènement de l'immigration clandestine. En effet, à elle seule, elle représente 12% de l'activité des services chargés de la lutte contre l'immigration clandestine. Celle-ci, qui n'a pas un poids moindre que les autres formes de criminalité, provient de l'Afrique subsaharienne, converge vers les wilayas d'Adrar, Tamanrasset et El Oued en direction des wilayas de Tlemcen au nord, Blida au centre et Ghardaïa. L'on note aussi une immigration en provenance d'Asie transitant par le sud-est et converge vers le centre-sud pour cheminer vers le reste du pays. Les wilayas de l'est du pays, à savoir El Tarf, Tébessa, Annaba, Constantine, Souk Ahras et Blida au centre du pays, constituent des zones d'immigration occasionnelles. Et avec tout cela, ce phénomène vise principalement la monnaie nationale et constitue une réelle menace pour l'économie du pays. Ajoutons à tous ces crimes le trafic d'armes. Ce commerce illicite, de par son ampleur inquiétante et ses effets nuisibles et dévastateurs, se pose actuellement comme un grave défi qui menace la sécurité et la stabilité nationale. Ce trafic a été enregistré dans plusieurs wilayas de l'Est, comme à Tébessa et Collo, mais aussi à Constantine. On se rappelle, voilà deux mois qu'un individu a pu obtenir une arme par le biais d'un GLD de Collo pour se venger de son ex-fiancée. Celle-ci, qui a été gravement blessée, a eu la vie sauve. Par contre, un chauffeur de taxi, qui était juste de passage sur les lieux du crime, décédera sur place en recevant une balle dans la tête. Les services de sécurité, tous corps confondus, enregistrent des arrestations par dizaines, voire par centaines, en l'espace de quelques jours pour tout genre de trafic, et si, l'étude effectuée sur l'ensemble du crime organisé, des politiques de prévention et de répression ne sont pas arrêtées et appliquées, la criminalité augmentera d'ici à 2010 de 188%.