Bouteflika interpelle ses ministres. La polémique soulevée autour de l'article 7 de la loi portant sur la lutte et la prévention contre la corruption a atterri au dernier Conseil des ministres, tenu samedi et présidé par le chef de l'Etat. En effet, nous apprenons de source gouvernementale que le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika s'est arrêté longuement sur cette question, qui anime la scène nationale depuis le rejet, voici un mois, de l'article en question par les députés du FLN et du MSP. Sur ce point, les ministres de ces deux formations ont été invités à s'expliquer sur leurs positions respectives, «dans la mesure où ces mêmes partis n'avaient soulevé aucune objection lors du passage de cette loi en conseil des ministres au début de l'année dernière». Ce sont ces mêmes interpellations «qui auraient amené, selon notre source, le secrétaire général du FLN, M.Abdelaziz Belkhadem, à réitérer hier, d'une manière claire, la position du parti par rapport à cette question». Pour rappel, ce dernier a affirmé, mardi lors d'une conférence de presse, que le FLN approuve une réécriture de l'article 7, et que, en aucun cas, il ne pourra cautionner la corruption quelle que soit sa forme. Le président de la République a rappelé aux ministres l'engagement pris par l'Algérie dans le cadre de la lutte contre la corruption, un combat qui l'a amené à signer des conventions internationales sur ce volet. Par ailleurs, notre interlocuteur n'a pas écarté le recours du président à légiférer par ordonnance entre les deux sessions parlementaires. Ce qui semble plausible, sachant que les sénateurs semblent définitivement écarter l'établissement d'une motion commune recommandant la reformultation de l'article abrogé. «La question n'est plus d'actualité», nous a déclaré, hier, M.Khodja, vice-président du groupe parlementaire du RND au Conseil de la nation. «Le débat censé être exclusivement juridique n' a plus aucune importance du moment qu'il a été récupéré par le milieu politique», a-t-il souligné. Par ailleurs, le bureau du Conseil de la nation a décidé d'ajourner à mardi prochain la séance prévue pour hier, qui devait être consacrée à l'adoption de quatre projets de loi, le plus important portant sur la lutte anticorruption. Officiellement, ce report intervient, «pour permettre aux différentes commissions d'élaborer leurs rapports complémentaires». Les observateurs se sont précipités à faire le lien entre cet ajournement et le débat controversé au sein de cette instance parlementaire. Chose qui a été formellement démentie par les sénateurs que nous avons joints, hier au téléphone. A commencer par M.Khodja qui a lié ce report à l'agenda très chargé du Sénat qui doit examiner et voter 6 projets de loi avant le 25 janvier, date de la clôture de la session d'hiver. Dans le même chapitre, le ministre des Finances va passer demain devant la commission financière du Sénat pour présenter ses deux projets de loi relatifs aux assurances et à la titrisation des crédits hypothécaires qui seront soumis dimanche au vote. Pour sa part, M.Dawadji, le chef du groupe parlementaire du MSP, a nié toute relation entre les divergences sur l'article 7 et l'ajournement de la session. Notons enfin que la session d'automne des deux chambres du Parlement (Conseil de la nation et Assemblée populaire nationale) sera clôturée le mercredi 25 janvier. Selon un communiqué du Conseil de la nation, le bureau du conseil a pris cette décision, «après concertation avec l'APN et le gouvernement».