Le président du Mouvement national El-Binaa, Abdelkader Bengrina, refuse le fait accompli d'une bipolarisation médiatique au sujet de deux candidats à la présidentielle, à savoir Ali Benflis et Abdelmadjid Tebboune. Alors que les médias annonçaient à coups de manchettes un duel en perspective entre les deux personnalités, Bengrina lui, veut briser cet «apartheid» médiatique. Il investit le terrain, occupe l'espace médiatique. Hier, il a été à Adrar où il a affirmé devant les cadres de son mouvement que le «futur président de l'Algérie ne sera conduit que par la volonté du peuple algérien exprimée à travers les urnes». Bengrina a souligné que «le peuple algérien est un corps uni, dont le sang de ses chouhada s'est mélangé dans la lutte pour le recouvrement de l'indépendance nationale», et «qu'il n'est de droit à personne», a-t-il dit, «de semer la zizanie entre ses fils et de concéder un moindre iota de sa patrie», avant d'appeler à la consécration d'un développement «équitable entre les différentes régions du pays». L'homme sait créer le buzz. En mai dernier, il a lancé un véritable pavé dans la mare quand il a fait de graves révélations sur des affaires de corruption dont il a été témoin alors qu'il était ministre du Tourisme et de l'Artisanat. Ses révélations ont porté sur l'ex-patron de la résidence d'Etat de Club des Pins et de Moretti, Abdelhamid Melzi, actuellement en prison pour une affaire d'«intelligence économique» avec des sociétés chinoises et qui selon lui se chiffrerait à plusieurs dizaines de millions de dollars. L'affaire a affolé les réseaux sociaux et les feux de l'actualité se sont brusquement braqués sur Bengrina, éclipsé depuis des années de la scène politique. Retour réussi ? Pas si sûr car la politique c'est avant tout de l'endurance. Bengrina qui allait replonger dans l'hibernation, récidive par une autre déclaration. Le 21 septembre, lors d'une conférence de presse à Alger, le président du mouvement El Bina n'a pas exclu «une attaque très imminente de Haftar et de ses partisans, à partir de l'ouest de la Libye, ainsi que des milices terroristes qui infestent le territoire libyen contre la souveraineté nationale». La déclaration a eu l‘effet d'un pétard mouillé, puisqu'elle ne reposait sur aucun fait tangible, cela même si le danger terroriste existe et existera à la frontière libyenne tant ce pays voisin vit dans l'instabilité sécuritaire. Le maréchal libyen Khalifa Haftar a menacé, en septembre 2018, de s'attaquer à l'Algérie, l'accusant d'avoir «exploité la situation sécuritaire» libyenne, accusant d'avoir «permis une incursion des éléments de son armée dans ce pays», mais suite à la réplique ferme des autorités algérienne, le maréchal autoproclamé s'est publiquement rétracté et a même salué le rôle de l'Algérie dans le processus de paix en Libye. Bengrina s'est-il complètement trompé d'analyse ? En tout cas, il a raté sa sortie, mais il va certainement récidiver. Le président du Mouvement national El-Binaa est le premier candidat à avoir confirmé sa participation à l'élection présidentielle annoncée pour le 12 décembre 2019.