Dans une vidéo qui fait le tour de la Toile, l'ancien ministre du Tourisme porte de graves accusations contre l'ancien directeur des résidences d'Etat, visiblement rattrapé par de nombreuses affaires de malversation. L'ancien directeur général de la résidence d'Etat Sahel, Club-des-Pins, n'en finit pas d'être confronté à son passé. Hamid Melzi, l'homme qui fréquentait les hauts cadres de l'Etat, connaît également leurs secrets. Son arrestation semble avoir contribué à délier les langues. Dans une vidéo qui fait le tour de la Toile, l'ancien ministre du Tourisme, Abdelkader Bengrina, porte de graves accusations contre l'ancien directeur des résidences d'Etat. Melzi est d'abord accusé d'avoir bradé les villas qui se trouvent à l'intérieur de la résidence d'Etat de Moretti. "Moretti a été vendu au dinar symbolique. Les villas, qui valaient entre 20 et 30 milliards de centimes, ont été vendues à bas prix. La plus chère a été cédée à 14 millions de centimes ! J'ai refusé ces décisions et je n'ai pas assisté à la réunion du Conseil des participations de l'Etat (CPE)", a indiqué l'ancien ministre du Tourisme, à l'époque cadre au Mouvement de la paix pour la société (MSP). À l'époque où Bengrina était ministre (de 1997 à 1999), la résidence d'Etat Sahel était gérée par le ministère du Tourisme. Mais le ministre ne semble avoir aucune emprise sur le responsable de cet émirat qui loge la nomenklatura du régime. "J'étais son responsable hiérarchique (de Melzi, ndlr). Quand j'ai voulu mettre fin à ses fonctions, il m'a enlevé la maison que j'avais à Club-des-Pins. Puis, la résidence d'Etat a été retirée à la tutelle du ministère du Tourisme pour être mise sous l'autorité de la Primature par décret. À l'époque, Ahmed Ouyahia était chef de gouvernement. J'avais refusé que Moretti soit ajouté au Club-des-Pins comme résidence d'Etat", témoigne celui qui est aujourd'hui président du parti El-Bina. Hamid Melzi n'était pas que directeur de Club-de-Pins. L'homme, âgé aujourd'hui de 81 ans, gérait depuis longtemps la Société d'investissement hôtelier, propriétaire, entre autres, des hôtels Sheraton d'Alger et d'Oran. Abdelkader Bengrina se rappelle que l'hôtel Sheraton d'Alger, construit en 1999 pour une somme estimée à 200 millions de dollars, était confié exclusivement à Hamid Melzi, en dehors de toute intervention de l'Etat. "Comment se peut-il qu'un projet d'Etat soit confié à une personne de gré à gré ? J'ai envoyé à l'époque un dossier complet à Ali Benflis qui était directeur de cabinet du président Bouteflika. C'est d'ailleurs une des raisons qui m'ont amené à démissionner du gouvernement", raconte l'ancien ministre. Après la construction du Sheraton Club-des-Pins, Hamid Melzi s'est vu confier la construction d'autres projets importants, en partenariat notamment avec le groupe Accor. Mais tous les projets ont été surévalués, selon l'ancien ministre. "Le Mercure, qui n'est pas loin des standards de Sheraton, est un don du gouvernement chinois. Son coût était de 45 millions de dollars, 200 millions de dollars pour le Sheraton Club-des-Pins et 85 millions de dollars pour le Sheraton Oran. Le directeur de la société libyenne d'investissements extérieurs, qui était partenaire de la Société d'investissement hôtelier (SIH), m'a confié qu'il y avait beaucoup de commissions dans le Sheraton Oran. Malgré cela, son coût était de 85 millions de dollars, pas 200 millions de dollars comme pour le Sheraton Alger", raconte Bengrina, qui semble ainsi vouloir soulager sa conscience même si ces nouveaux projets ont été réalisés après son départ du gouvernement. En plus de surévaluer les projets, Hamid Melzi est également accusé d'avoir fait fuir des investisseurs étrangers. C'est le cas du prince saoudien, El-Walid Bentalal qui voulait investir près de 20 milliards de dollars en Algérie. Mais après une visite où il a été reçu par les autorités algériennes, le prince saoudien n'est plus jamais revenu. "(…) Il est reparti sans mettre un seul dinar en Algérie parce qu'il a été orienté vers la même personne (Hamid Melzi)", raconte encore Abdelkader Bengrina.