Pour la plupart, la montée du Hamas au pouvoir risque de torpiller le processus de paix. La victoire incontournable du parti islamiste Hamas aux élections législatives, a fait grand bruit sur la scène internationale. L'événement a été rapporté pratiquement par tous les médias du monde. D'abord, la presse palestinienne s'est étalée hier sur les manifestations de liesse ayant lieu à travers tout le territoire palestinien. «Un séisme politique secoue la région», écrit, à cet effet, Al-Quds, principal journal palestinien, illustrant sa Une avec une photo de sympathisants du Hamas défilant dans un déferlement de drapeaux verts à Ramallah. Dans son éditorial, le journal estime que «le réel vainqueur de ces élections est le peuple palestinien qui a permis ce transfert pacifique du pouvoir à travers des élections libres, honnêtes et transparentes». «Séisme politique: le Hamas rafle la majorité des sièges du Conseil législatif», proclame pour sa part Al-Hayat Al-Jadida, journal de l'Autorité palestinienne. Les journaux arabophones de la région ont également qualifié la victoire du Hamas de «séisme politique» en saluant sa légitimité démocratique tout en lui demandant de ne pas enterrer le processus de paix avec Israël. «La conquête du Hamas éclate en séisme politique», titre le quotidien égyptien El- Ahram dans son édition d'hier. Avec 76 sièges, écrit le quotidien, le rêve de l'instauration d'un gouvernement devient pour la première fois une réalité pour ce parti. De son côté le grand quotidien saoudien, Acharq El Awsat, analyse l'événement, dans un long article intitulé: «Après sa victoire... Hamas devant l'épreuve d'Oslo». Le quotidien officiel syrien Al Baas s'est félicité, de son côté, de la victoire électorale du Hamas et a appelé l'Occident à composer avec le mouvement radical palestinien. Du côté d'Israël, un regard critique et des écrits virulents ont dominé l'ensemble des quotidiens. La démocratie, un levier pour Hamas? s'est interrogé l'éditorialiste de l'agence israélienne d'information , Guysun Israël news. «Cette semaine se termine par une nouvelle déjà qualifiée catastrophique. Le Hamas, organisation terroriste, a remporté avec une confortable avance les élections dans les territoires sous administration palestinienne», écrit l'éditorialiste. Par ailleurs, la presse européenne était, elle aussi, sous le choc face à l'écrasante victoire du Hamas, s'interrogeant notamment sur les chances de paix sous la houlette d'un parti prônant la lutte armée et la destruction de l'Etat d'Israël. Photos de foules compactes, d'hommes brandissant armes ou Coran et titres alarmistes étaient de mise ce vendredi dans les journaux, qui jugent majoritairement qu'il s'agit d'une mauvaise nouvelle pour le processus de paix. «Le triomphe des terroristes», titre ainsi le quotidien conservateur allemand Die Welt en évoquant un scénario pessimiste: «l'éclatement d'une quatrième Intifada n'est plus à exclure». Les Palestiniens installent le Hamas au pouvoir, écrit de son côté le Figaro qui craint les retombées. «Palestine, le pire scénario», juge pour sa part le conservateur espagnol ABC en soulignant la proximité du Hamas avec Téhéran. Au-delà des réactions à chaud, beaucoup de journaux tentaient aussi d'expliquer le choix des Palestiniens et se montraient pragmatiques. «Aucun démocrate ne peut nier que c'était une compétition juste», renchérit le Financial Times. «Diaboliser le Hamas ne constitue plus une option. Ce sont ses leaders les plus pragmatiques qui sont en Palestine: il faut miser franchement sur un réalisme qui devrait s'affiner au pouvoir», selon l'éditorialiste du quotidien belge Le Soir. Cependant, certains, journaux n'hésitaient pas vendredi à pointer un doigt accusateur en direction d'Israël, de Washington ou encore de l'Europe. Pour le quotidien danois Information (indépendant), «l'Occident et les efforts démocratiques du président Bush au Moyen-Orient conduisent les partis islamistes au pouvoir».