Le ministre iranien de la Défense a, pour sa part, averti que «toute action contre les installations nucléaires iraniennes sera suivie d'une riposte immédiate et destructrice». Téhéran ne semble pas près de céder aux pressions du Quartette. Le président iranien hausse le ton. Qualifiant les pays occidentaux de « puissances de paille » devant lesquelles l'Iran «ne s'inclinera pas» au sujet de son dossier nucléaire, Ahmadinejad ne se laisse pas intimider. «Ceux qui possèdent des stocks d'armes nucléaires se réunissent à plusieurs, prennent des décisions et croient que le peuple iranien va se soumettre à leurs décisions», a dit le président dans un discours retransmis par la télévision. Mais, a-t-il ajouté, «je dis aux puissances de paille que le peuple iranien est indépendant depuis 27 ans et, en s'appuyant sur sa détermination, il prend ses décisions selon sa propre volonté». Coutumier des déplacements en province depuis son élection en juin, le président a mis à profit une étape à Bouchehr (sud), où la Russie construit la première centrale nucléaire iranienne, pour attaquer aussi bien les puissances nucléaires de l'ONU que son homologue américain George W. Bush. Des déclarations qui interviennent à la veille d'une réunion cruciale de l'exécutif de l'Agence internationale de l'énergie atomique, qui devrait informer le Conseil de sécurité des Nations unies de sa décision sur le dossier nucléaire iranien. Le président a annoncé à l'agence Mehr qu'il devait visiter dans l'après-midi la centrale de Bouchehr, qui doit en-trer théoriquement en fonction cette année. Accompagnant le président, le ministre iranien de la Défense, Mostapha Mohammad Najar, a averti que « toute action contre les installations nucléaires iraniennes sera suivie d'une riposte immédiate et destructrice des forces armées du pays ». Le programme nucléaire civil iranien est sur la sellette, car les Occidentaux soupçonnent qu'il dissimule un volet militaire pour développer la bombe atomique. La décision de l'Iran, début janvier, de reprendre des activités sensibles liées à l'enrichissement d'uranium a provoqué une nouvelle crise. La troïka européenne (Allemagne, France, Grande-Bretagne) a convoqué une réunion d'urgence de l'exécutif de l'Agence internationale de l'énergie atomique, qui se tiendra jeudi et vendredi. Lundi, les cinq puissances nucléaires du Conseil de sécurité (Chine, Etat-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) avec l'Allemagne et l'UE, ont convenu que l'Aiea allait rapporter au Conseil ses décisions sur le dossier iranien. Or, Téhéran a averti à de multiples reprises qu'un tel geste entraînerait la suspension de la coopération de l'Iran avec l'agence de sécurité nucléaire onusienne. Le président du Parlement iranien, Gholam Ali Hadad-Hadel, a ainsi rappelé mercredi que la loi oblige le gouvernement «à arrêter sa coopération volontaire avec l'Aiea dans le cadre du protocole additionnel», si le dossier est transmis au Conseil. «Cela sera au détriment de l'Agence et si cette situation continue, le gouvernement devra reprendre les activités d'enrichissement» d'uranium, a menacé M. Hadad-Hadel. Mahmoud Ahmadinejad a aussi attaqué M. Bush, au lendemain de son discours de l'Union, dans lequel le président américain a critiqué «une petite élite cléricale qui isole et opprime son peuple» en Iran. En retour, le président iranien a fustigé «ceux qui ont les mains dans le sang des peuples jusqu'au coude, qui sont impliqués partout où il y a des guerres et l'oppression, qui déclenchent des guerres en Asie et en Afrique, tuent des gens par millions». «Dans un avenir proche, nous allons vous juger devant le tribunal des peuples», a dit M. Ahmadinejad à l'adresse de M. Bush. Le président américain a lancé un vibrant plaidoyer en faveur des réformes démocratiques au Proche et Moyen-Orient. Son homologue iranien vient ainsi de lui rétorquer : «Vous qui soutenez les crimes du régime fantoche sioniste, vous qui soutenez la destruction des maisons des Palestiniens (...) vous n'êtes pas qualifiés pour parler des droits de l'Homme et des libertés». S. K.