La déliquescence des partis politiques, laminés par le «Hirak», est entérinée par la prochaine élection présidentielle du 12 décembre 2019. Clairement, les cinq candidats en lice pour le scrutin de cette présidentielle, dont quatre sont chefs de partis politiques, ont compris la leçon et ne veulent pas trop se cloisonner dans leur espace «familial» politique, pour brasser large dans un potentiel électoral en majorité non partisan. Et, le Front de Libération nationale (FLN), dont au moins trois candidats sont issus de ses rangs, Ali Benflis, Abdelaziz Belaid et Tebboune, ayant été des militants du vieux parti dans un moment ou un autre dans leur parcours politique, constitue pour eux un terrain propice à la chasse des voix des électeurs. Bien sûr, aucun de ces candidats ne veut s'embarrasser du soutien clair du parti FLN, en tant que parti, mais les voix de ses militants sont très recherchées. Dans les coulisses, les trois candidats en question affirment qu'ils ont les faveurs des militants du FLN. Laissant conjecturer que les voix de la base militante du FLN se répartiront, selon des proportions différentes, au profit de ces trois candidats. Voilà à quoi se trouve réduit le parti majoritaire au Parlement. Et, même si on veut l'emballer dans un discours «normalisé» par la difficulté de la conjoncture qu'il traverse, sa non-participation à l'élection présidentielle du 12 décembre restera une position inconcevable, qu'on ne peut passer sous silence sous n'importe quelle couverture ou alibi. Pour la première fois de sa longue histoire, le FLN est absent, totalement, d'une élection présidentielle. Non seulement il ne présente aucun candidat, mais il ne soutient ouvertement aucun des cinq candidats en lice pour le scrutin du 12 décembre. Pour seule consigne de vote, publiquement donnée, de la voix du SG par intérim du parti, les militants ont été exhortés de participer à cette élection présidentielle et de «voter en toute confiance, car le succès du scrutin sera le succès du FLN». Pour le candidat Azzedine Mihoubi, les choses sont plus ou moins claires, car il a le soutien «discret» de son parti, le Rassemblement national démocratique (RND), et il peut espérer glaner des voix dans l'électorat du FLN. Pour le candidat du parti El Bina, Abdelkader Bengrina, l'appartenance partisane est également mise en second plan, nourrissant comme ses concurrents l'espoir de rallier à sa cause le plus grand nombre d'électeurs «non partisans». Ce dernier candidat refuse même qu'on le cantonne dans la mouvance islamiste, faisant peu ou pas du tout cas du soutien des partis islamistes. Des partis qui, il est vrai, ont décidé de boycotter l'élection présidentielle du 12 décembre, à l'image du Front pour la justice et le développement (FJD-El Adala), qui a décidé de ne pas présenter la candidature de son président, Abdallah Djaballah, ou d'une autre personnalité du parti, et qui a exclu tout soutien à une autre candidature dans le cadre d'un consensus ou d'une alliance avec les partis et personnalités d'opposition. L'autre parti, «Harakat Moujtamaa Silm» (HMS), verse dans la même tendance. Son président, Abderrazak Makri, était en France hier premier jour du lancement de la campagne électorale, pour discuter des structures de son parti à l'étranger. A plus d'un titre, ainsi, l'histoire retiendra plusieurs enseignements de cette élection présidentielle sans couleur politique, dont la remise au placard des courants partisans et la non-présentation de candidats par des partis qui se partagent la majorité au sein des assemblées élues.