C'est lors d'une grande cérémonie organisée, jeudi dernier, au Palais de la culture Moufdi Zakaria qu' a été attribué le Grand Prix Assia-Djebar du roman, décerné pour la cinquième année consécutive, aux trois lauréats pour leurs œuvres littéraires en arabe, en tamazight et en français. En effet, je jury, présidé par Aïcha Kassoul et composé de Hamid Bouhbib, Karima Mendili, Kaci Djerbib et Ahmed Ouyad, a récompensé les romans suivants : tout d'abord en langue arabe Noubouate Rayka de Khiri Belkhir, Nna Rni de Djamel Laceb en langue amazighe et enfin Une valse de Lynda Chouiten en langue française (Editions Casbah). Cette cérémonie à été marquée par la présence de nombreux ministres, (membres du gouvernement), mais aussi de personnalités liées au monde de la littérature et autres éditeurs . S'ouvrir à l'international Le directeur de l'Enag et ancien commissaire du Sila, Hamidou Messaoudi réitérera son vœu de s'ouvrir par ce prix à l'international soulignant l'importance que revêt cet événement aux yeux des grands salons du livre dans le monde. « Si Assia Djebar avait choisi d'écrire dans la langue de l'Autre », a estimé le directeur de l'Enag, il fera néanmoins la promesse de voir tous les romans de l'auteure de La Soif et La nouba des femmes du mont Chenoua traduits vers la langue arabe et ce, avant la fin de l'année. Il ajoutera aussi ceux de Kateb Yacine, indiquant que ces derniers seront par la suite traduits par le HCA vers la langue amazighe. Hamidou Messaoudi indiquera vouloir donner un nouveau souffle au prix Assia Djebar via une « conception » redynamisante, en avançant l'idée qu'il puisse aborder prochainement la littérature d'enfance et de jeunesse. Pour Aïcha Kassoul, présidente du jury, le principal critère de sélection est le niveau de la langue ou la correction de la langue arguant que « les maisons d'édition devraient faire très attention aux manuscrits qui leur sont remis. » Le malaise du pays reflété dans ses livres Et de souligner aussi : « Ce qui nous fait dire que tel ou tel livre est meilleur c'est quand je prends un livre et que je n'arrive plus à le lâcher jusqu'à la fin. C'est le coup de cœur qu'on a eu notamment pour le Prix en langue française. Parce que c'est l'histoire d'une Algérienne qui vit ici et qui est hantée par des voix. Une espèce de psychose. Je trouve que c'est une véritable prouesse que d'arriver à mettre des mots, d'un excellent niveau de langue sur une psychose c'est-à-dire un dérèglement mental. J'ai trouvé ce livre génial et donc qu'il méritait amplement le prix Assia Djebar. Les deux autres sont dans un registre qui est à peu prés équivalent. Nous avons ressenti au cours de notre lecture une espèce de mal-être, de malaise de l'Algérie qui s'exprime à travers cette écriture et particulièrement chez les jeunes. On a senti effectivement la voix de ces jeunes qui essayent de trouver des raisons d'exister et de vivre dans ce pays. C'est l'élément commun à tous ces écrivains. C'est ce qui semble ressortir en tout cas de cette production littéraire 2019. » Pour rappel, le prix Assia Djebar a été institué par l'Anep et l'Enag en 2015. Ce prix récompense les meilleures œuvres littéraires en langue arabe, amazighe et française. Le jury de la quatrième édition de ce Grand Prix avait distingué Nahed Boukhalfa, Mhenni Khalifi et Ryad Girod. Ce Prix se veut un hommage à la romancière algérienne Assia Djebar qui a répondu, dès son jeune âge, à l'appel de la patrie en participant en 1959 à la grève initiée par l'Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema) et en poursuivant son militantisme contre l'occupation et en faveur de la défense des droits de l'homme à travers la création littéraire jusqu'à l'indépendance.Dans son film La Nouba des femmes du mont Chenoua, Prix de la Critique internationale à la biennale de Venise de 1979, Assia Djebar retraça le combat des femmes rurales contre l'occupant français. Lauréate de nombreux prix pour ses œuvres littéraires, notamment La Soif, Loin de Médine, Ombre Sultane, l'écrivaine deviendra, en 2005, la première femme arabe et africaine à entrer à l'Académie française. Celle qui fut pressentie, plusieurs fois, pour le prix Nobel de littérature a tiré sa révérence en 2015, laissant derrière elle une œuvre monumentale.