Le Majless al Choura du mouvement tunisien Ennahdha s'est prononcé massivement pour un soutien au nouveau gouvernement que conduira Habib Jemli, passant outre les réserves exprimées par certains de ses membres envers certains ministres. C'est ce qu'a indiqué le président du conseil de ce parti, Abdelkrim Harouni, lors de la conférence de presse organisée, hier, au siège de la formation islamiste, à Tunis. M. Harouni a notamment souligné que cette « 35ème session du conseil de la Choura dont les travaux ont débuté samedi appelle les groupes parlementaires à accorder la confiance au gouvernement proposé sur la base d'un programme fondé sur la lutte contre la corruption, la pauvreté et le chômage ». Il a également estimé que les réserves formulées à l'encontre de certains membres du gouvernement vont conduire « le mouvement ( à ) se concerter avec le chef du gouvernement proposé Habib Jemli pour apporter quelques modifications à la composition » de son équipe ourtant déjà « officialisée ». Selon lui, il ne s'agit nullement d'exercer une quelconque pression sur Jemli mais bel et bien de permettre à celui-ci de conduire le « meilleur gouvernement » possible. Aussi, conclut-il, le parti Ennahdha apportera son plein appui à Habib Jemli et à son gouvernement même si les réserves exprimées ne donnent pas lieu à satisfaction. De son côté, Rached Ghannouchi, en sa qualité de président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP, Parlement), confirme que le 10 janvier prochain verra la tenue de la plénière consacrée au vote de confiance dont le gouvernement a besoin pour engager son action, soulignant en outre que ce choix permet aux groupes parlementaires de mener une large concertation en vue de dégager un maximum de consensus pour permettre à Jemli et à son équipe gouvernementale de franchir le cap de la validation. Or, il s'agit là de la date butoir pour la tenue de cette plénière qui verra l'ARP approuver ou rejeter la formation « technocrate » proposée par Habib Jemli, après son échec à rallier les partis tels que Attayar, Echaab, Qalb Tounes et Tahya Tounes. Il faut savoir, en effet, que l'article 142 du règlement intérieur de l'ARP stipule que « le bureau du Parlement fixe une date pour la plénière consacrée au vote de confiance au gouvernement et ce, dans un délai d'une semaine, à partir de la date de réunion dudit bureau ». La porte-parole de l'ARP, Nesrine Laâmari, a révélé que cette date découle du choix concerté des groupes parlementaires de Ennahdha et de Qalb Tounes alors que le bloc démocrate et celui du parti destourien libre (PDL) étaient favorables à la date du 7 janvier. Jeudi dernier, au palais de Carthage, le président de la République tunisienne Kaïs Saïed avait remis au président du Parlement, Rached Ghannouchi, la liste des membres du nouveau gouvernement qui sera assujetti au vote de confiance de l'ARP, et ce après que Habib Jemli eut dévoilé, le jour-même, la composition de cette équipe à la faveur d'une conférence de presse à Dar Dhiafa. Une équipe dont on sait qu'elle compte 28 ministres et 14 secrétaires d'Etat, quatre femmes étant parmi les ministres et six autres parmi les secrétaires d'Etat. Dans quelques jours, la Tunisie qui a le regard braqué sur l'ARP saura si, oui ou non, la partie est gagnée par Ennahdha qui a balisé la voie à un gouvernement dont tout indique qu'il aura bien du mal à obtenir un soutien majoritaire des formations politiques présentes au Parlement.