Le nouveau modèle de gestion de l'eau et des infrastructures hydrauliques est venu donc mettre fin à «l'anarchie» constatée en la matière. C'est, en fait, la «nouvelle bataille et la nouvelle vision» du ministère des Ressources en eau. En un mot, rien ne se fera sans une prise en charge effective du volet lié à la gestion des infrastructures et ressources hydriques. Depuis des années, la gestion constituait le maillon faible à l'origine des pertes physiques et commerciales recensées et évaluées à des millions de mètres cubes et à des milliards de dinars . Aujourd'hui, le pari est osé et la nouvelle loi sur l'eau prend particulièrement en compte le volet gestion. «Il vise à apporter une juste et rapide réponse à la véritable crise de l'eau», se justifie Abdelmalek Sellal, soulignant sur sa lancée que le citoyen a sa part de responsabilité dans cette affaire. Il est question d'aller vers une gestion déléguée de l'eau dans les grandes villes, l'exemple du partenariat avec la société française Suez n'est qu'un exemple. Le même modèle sera appliqué aux autres métropoles, à commencer par Oran, Constantine et Annaba. A en croire le ministre des Ressources en eau, une quinzaine d'entreprises sont d'ores et déjà préqualifiées pour gérer l'eau au niveau de ces trois grandes villes. Un autre mode de gestion se profile à l'horizon, plutôt déjà maintenu. Il s'agit du fonctionnement administratif des stations d'épuration. L'invité de L'Expression annonce qu'après la réhabilitation de celles déjà en place, et la mise sur pied de plusieurs autres à travers le territoire national, ces stations bénéficieront d'une gestion autonome par l'Office national d'assainissement (ONA). De son côté, l'Algérienne des eaux (ADE) est appelée à «phagocyter» tous les «Epédemia», des structures qui gèrent l'eau au niveau local, mais qui fonctionnent au ralenti du fait des dettes colossales qui se sont accumulées au fil des années. La disparition graduelle des Epédemia, une opération qui va s'étaler sur une période de trois (3) ans, s'inscrit dans le cadre de la réforme du mode de gestion engagée par le département des ressources en eau. D'autres structures autonomes se chargeront de la gestion des grands complexes hydrauliques, à savoir Taksebt, Koudiat Acerdoune, Beni Haroun, le MAO de l'Ouest (Mostaganem-Arzew-Oran) et plus tard le transfert In Salah-Tamanrasset. Une fois mises sur pied, ces structures prendront en charge la gestion de ces grands complexes hydrauliques, ce qui veut dire aussi la gestion de l'ensemble des transferts et autres infrastructures relevant de ces mêmes complexes. «Ce n'est pas facile de gérer ces grands complexes», dira le ministre qui soulignera que son département optera pour la filialisation, à l'instar du modèle Sonatrach. C'est-à-dire, l'Agence nationale des barrages et des transferts (Anbt), qui a modifié son statut type pour devenir un Epic, s'est lancée dans la création d'un organe de gestion, en partenariat avec un opérateur étranger spécialisé dans la gestion, l'entretien et le dragage des barrages. Donc, en quelque sorte, l'on va vers une gestion autonome des grands complexes hydrauliques déjà en cours de réalisation. Tandis que pour «le projet du siècle de l'Algérie» à savoir le transfert des eaux souterraines de In Salah vers Tamanrasset, celui-ci sera géré également par une structure spéciale, indiquera Abdelmalek Sellal. A chacun sa mission, le nouveau modèle de gestion de l'eau et des infrastructures hydrauliques est venu donc mettre fin à «l'anarchie» constatée en la matière. C'est, en quelque sorte, l'autre grand « défi » pour le département des ressources en eau. Car, la gestion et l'économie de l'eau vont ensemble, mais l'économie est beaucoup plus l'affaire du citoyen.