Cette compagnie, pour mettre fin à des rumeurs faisant état de sa mauvaise situation financière, a rendu public un communiqué, pour le moins très explicite, dont le discours se voulait précis, mais également déterminé. «Djezzy est en Algérie pour longtemps avec, pour premier objectif, de dynamiser le secteur des télécommunications», a-t-on cru devoir préciser à tous ceux qui entretenaient une polémique sur la mauvaise solvabilité de la compagnie égyptienne. Concernant ce point précis, Djezzy GSM a cru longtemps qu'il n'en était pas encore aux explications publiques. Il aura fallu juste rappeler qu'une compagnie capable d'avancer 368,5 millions sur les 737 millions de dollars qu'a coûtés la deuxième licence contractée en Algérie ne peut être diagnostiquée comme étant de mauvaise santé financière. Seulement voilà, les interrogations et les malversations ont vraisemblablement fini par inquiéter l'opérateur égyptien qui craignait notamment pour son image de marque. «Nous tenons nos engagements. Pour vous», a-t-on encore précisé. Pour cela, la compagnie a levé le voile sur ses transactions bancaires en prenant néanmoins la précaution de rappeler que «dans les circuits bancaires, tout prêt se justifie et se mérite». Et d'ajouter, en direction de ses détracteurs, que toutes les entreprises ont recours aux crédits et que tous les opérateurs utilisent leur revenu et leur capital, tout en faisant appel à des financements à court ou à moyen termes. C'est là une pratique «normale, courante, banale même», ironise-t-on. En somme, 500 millions de dollars, c'est là le montant du crédit qu'Orascom a contracté auprès du Crédit lyonnais et de la banque allemande West LB et qui est, actuellement dirigé par la Badr. Son capital est de 382 millions de dollars payés. Sur ce chiffre, on signale que 368,5 millions de dollars ont été consacrés au paiement de la première tranche de la licence, 50 millions de dollars ont été, en partie, consacrés aux fonds de roulement et en partie à la construction du réseau. Quant aux sources de financement, il est précisé que 53% des investissements de capitaux proviennent d'Orascom Telecom et que le reste est réparti entre des investisseurs algériens. Pour plus de crédit, l'opérateur égyptien a révélé son rapport dettes/capital, lequel s'inscrirait dans les normes internationales. Il tournerait autour des 55%, bien en deçà de celui d'Orange ou de Vodaphone dont le rapport dépasserait les 70%. Pour finir, Djezzy réaffirme son engagement à accueillir 50000 nouveaux clients par mois à partir de février 2002. En attendant, son réseau devrait, comme prévu, couvrir les 12 wilayas à la fin du mois d'août 2002. Il est également précisé que l'opérateur serait bel et bien au rendez-vous du 15 février avec 50 sites à Alger. Là où le bât blesse, en revanche, c'est du côté d'Algérie Telecom, opérateur historique. Ce dernier doit, lui aussi, couvrir totalement les douze wilayas comme précisé sur le cahier des charges, mais des difficultés ont, vraisemblablement, été enregistrées. Il en résulte une transformation très probable de toute la stratégie commerciale d'Algérie Telecom qu'il s'agit maintenant d'ajuster aux nouvelles conditions du marché. L'engouement des Algériens et leur empressement à acheter des lignes Djezzy et qui ne seront opérationnelles que d'ici à la fin février ont suscité des interrogations sur la qualité des services chez l'opérateur historique. Le ministre des Postes et Télécommunications, M. Maghlaoui, très récemment, avait annoncé, dans ce sens, que les prestations deviendront certainement meilleures avec l'introduction significative de l'outil informatique. Selon le ministre, 5000 nouvelles lignes seront disponibles très prochainement. Mais, comme ce n'est certes pas suffisant, le ministre a appelé à rattraper le retard accusé dans l'élaboration et la réalisation des programmes prévus pour cette année. Les observateurs avancent, quant à eux, des facteurs autres qui seraient à l'origine de ces retards et de ces problèmes auxquels semble se heurter l'opérateur historique. Outre le fait que des milliers de demandes ne sont pas satisfaites en matière de téléphonie mobile, il aurait, apparemment, des problèmes liés à l'appel d'offres, pour l'extension du réseau GSM de 500000 nouvelles lignes. L'affaire des soumissionnaires chinois, Huawei Technologies et ZTE, éliminés pour «insuffisance de références», est d'ailleurs révélatrice. Entre Ericsson, qui a fait une offre financière de 193 millions d'euros et qui devrait prendre en charge les 500000 nouvelles lignes GSM, et Alcatel qui casse les prix en proposant 75 millions d'euros pour le projet, les choses ne vont pas aller en s'améliorant. Les observateurs pensent, par ailleurs, que l'appel d'offres sera remis en cause et que le projet subira le même sort que celui, notamment, des 400000 nouvelles lignes téléphoniques fixes et qui a été tout bonnement annulé.