Le secteur bancaire algérien devra jouer un rôle de plus en plus important dans la croissance. Selon le cabinet de consulting britannique Oxford Business Group, vu que la demande européenne risque de rester faible pour un moment, le secteur bancaire algérien devra jouer un rôle de plus en plus important dans l'augmentation de la demande intérieure. Dans ce sens OBG reprend dans son dernier rapport, les recommandations du FMI au titre de l'article VI, estimant que la réforme du secteur financier en Algérie est la " clé " pour l'augmentation de la productivité, le développement économique et une croissance durable qui ne soit pas tributaire des hydrocarbures. OBG relève dans ce sens, l'accès difficile aux prêts pour les petites et moyennes entreprises (PME). En effet, 20.6% des répondants qui ont participé au Africa Competitiveness Report ont affirmé que l'accès difficile aux prêts, était l'un des facteurs les plus problématiques quand il s'agissait de faire du commerce en Algérie. Dans sa stratégie de croissance, le gouvernement s'engage encore à miser sur les grandes sociétés publiques, mais il a également été établi que le développement des PME, afin qu'elles puissent se mettre au service à la fois de ces grandes sociétés et de l'économie nationale intérieure dans son ensemble, était une façon de favoriser encore davantage la croissance. En effet, afin de prospérer réellement, les entreprises devront avoir accès au capital. Ainsi, il est probable qu'à long terme, une fois que la crise financière sera terminée, le gouvernement doive envisager de nouveau de privatiser quelques banques de façon à assurer l'accès au capital des PME. Reprenant également le rapport sur la compétitivité de l'Afrique pour 2009 publié récemment par le Forum économique mondial (FEM), OBG indique également que les réformes financières effectuées au courant des 20 dernières années ont permis au secteur bancaire algérien de faire face à la crise financière internationale. Il est également mis en avant le fait que l'Algérie soit une des quatre économies africaines dont " les systèmes bancaires compétitifs " et " les systèmes réglementaires fonctionnels " permettent de bien réagir à la crise. OBG estime que cela est encourageant d'autant plus que les efforts de privatisation dans le secteur bancaire algérien ont été entravés au cours des dernières années, notamment par la crise qui s'installait sur les marchés des pays développés. Ainsi, la privatisation partielle du Crédit populaire d'Algérie, qui devait avoir lieu au début de 2008, a été retardée, puis écartée lorsque la crise des prêts à haut risque a commencé vers la fin de 2007. Depuis, les efforts visant à réduire le rôle de l'Etat dans le système bancaire ont été suspendus pour laisser le gouvernement se concentrer sur sa stratégie d'investissement massif (150 milliards de dollars) dans les infrastructures et développer ses sources de capital non bancaires. OBG relève également le fait qu'en 2002, le gouvernement a diversifié l'accès au capital non bancaire en créant un marché de la dette publique à travers lequel on encourageait par la suite les grandes entreprises publiques à émettre leurs propres obligations. Selon le Fonds monétaire international (FMI), cette stratégie a contribué à la mise en place d'un marché des obligations des sociétés " beaucoup plus important que celui des autres pays qui se trouvent à la périphérie de l'Europe des 15 ". Etant donné que les bases du capital non bancaire ont déjà été établies et qu'on assiste au début d'une hausse de la courbe de rendement des obligations d'Etat de moyen à long terme, le gouvernement semble surtout avoir recours à son Programme national d'investissement pour accroître davantage les marchés de capital local plutôt que les finances provenant des banques. Cette stratégie judicieuse, ainsi que la relative lenteur de la réforme dans le secteur bancaire ont été d'autant plus bénéfiques qu'il était nécessaire d'absorber l'excédent de trésorerie plutôt important du système bancaire algérien, un excédent hérité d'une économie d'exportations dont l'élément principal étaient les hydrocarbures. Le FMI a récemment félicité le gouvernement algérien pour sa politique monétaire prudente qui a permis d'absorber les excédents de trésorerie, ainsi que de rembourser la dette extérieure et de garder l'inflation à un niveau relativement stable. Ainsi, le secteur bancaire algérien est suffisamment armé non seulement pour faire face à la crise financière actuelle, mais également pour avoir des répercussions de plus en plus positives sur le reste de l'économie du pays. Par ailleurs, le système fiscal enviable de l'Algérie et l'apport important de capital que le gouvernement s'apprête à effectuer pour augmenter la demande offrent aux banques une occasion en or. Isma B.