Selon les intervenants, le scénariste devra tenir compte des facteurs aussi bien temporel que spatial. Quel genre de langue un scénariste doit-il utiliser dans une oeuvre dramatique télévisuelle? Quelle est la relation entre le scénario et l'histoire d'un téléfilm? Y a-t-il vraiment une crise de texte en Algérie? C'est à toutes ces interrogations qu'ont tenté de répondre les participants au colloque consacré au Dialogue dans les oeuvres dramatiques télévisuelles. Organisé par la Fondation du Fennec d'or, ce colloque, tenu hier à l'hôtel Riadh de Sidi Fredj, a vu la participation de plusieurs spécialistes dans le domaine de l'écriture cinématographique, à l'instar de l'Egyptien Mohamed Saïd Aïd, l'écrivain Azzedine Mihoubi, le réalisateur Belkacem Hadjadj, le comédien et scénariste Mohamed Adjaimi... En Algérie, comme dans les autres pays arabes, la problématique du genre de langue utilisée dans l'écriture du scénario est plus que jamais posée. En effet, en procédant à l'écriture du scénario, l'auteur devra-t-il prendre en considération le large public ou le contexte historique et spatial de l'histoire? Pour l'Egyptien Mohamed Saïd Aïd, spécialiste en la matière, «l'écriture d'un scénario exige de l'auteur la prise en compte de trois facteurs essentiels, à savoir le facteur espace, le facteur temps ainsi que le personnage principal du film». Pour l'orateur qui compte à son actif plusieurs oeuvres télévisuelles, «il faut, de prime abord, prendre en compte le milieu du déroulement des événements. C'est en effet ce facteur qui délimite la langue que nous devrons utiliser. Si les lieux se situent dans le sud égyptien, à Alexandrie, au Caire ou ailleurs, l'auteur sera dans l'obligation de recourir aux dialectes et variantes utilisés dans ces régions». Se voulant plus clair, le conférencier a cité les différents scénarios de feuilletons qu'il a écrits, comme Ezzine Barkate. «Ce feuilleton se situe dans un contexte historique bien précis. C'était exactement à l'ère des Mamelouks. Le palais royal a négligé, voire rejeté, la langue arabe. De ce fait, je ne pouvais pas utiliser la langue arabe classique, le niveau était bas, donc j'étais dans l'obligation de recourir au dialecte égyptien». A l'inverse de ce cas, il cite un autre feuilleton, Al Ghazali. «Contrairement à Ezzine barkate, ici j'étais obligé de recourir à une langue plus élaborée, à des dialogues plus travaillés. Parce que à l'époque d'El Ghazali, les débats étaient au top. Il ne faut pas oublier que ce philosophe a vécu à l'époque où la secte des Assassins de Hassan Sabah semait la terreur en Orient. Al Ghazali a tenté tant bien que mal de combattre ce qui est considéré comme la première organisation terroriste au monde». En outre, l'orateur n'a pas manqué de préciser que le premier réflexe du scénariste devra aussi aller vers le public ou le téléspectateur. «L'auteur doit penser au large public, composé de coiffeurs, de concierges... si le produit proposé ne leur plait pas, ils ne feront que zapper sur une autre chaîne et cela veut dire que mon scénario a essuyé un échec cuisant.» Cependant, si Mohamed Saïd Aïd situe le coeur d'une oeuvre dramatique télévisuelle dans le scénario, le réalisateur algérien Belkacem Hadjadj, le considère comme l'un des éléments formant le langage cinématographique. «Les dialogues dans la production audiovisuelle contribuent efficacement à la création de l'image virtuelle de la vie, ce qui suscite chez le spectateur une série d'émotions aussi diverses que variées», souligne M.Hadjadj. Ce dernier ne va pas sans ajouter que «même si l'image contribue à la transmission du message, il n'en demeure pas moins que la langue utilisée dans le scénario devra être minutieusement étudiée de sorte à ce qu'elle soit compréhensible par l'ensemble des spectateurs algériens».