S'il y a un lieu où le mal de vivre se lit aisément, c'est, pense-t-on en général, l'affluence des chalands de ce qu'on appelle pompeusement les «pizzeria». En fait, ce ne sont que de modestes échoppes, très modestes, qui pullulent à travers les villes et villages jusqu'au moindre recoin du pays. Qu'est-ce qu'on y vend? Des «carrés» de pizzas de la forme indiquée, une pâte parfois croustillante même, «colorée», dirait-on presque, avec une sauce tomate que le feu n'a jamais effleuré. En effet, cette sauce n'est qu'un coulis de tomates préparé à froid en général, de qualité souvent médiocre que l'on passe au «pinceau» sur cette pâte dont la qualité est plus ou moins acceptable, avant d'enfourner les plateaux à la pro-preté douteuse. Les prix de cette goinfrerie, qui ne dit pas son nom, est bien sûr abordable pour le citoyen lambda qui ne cherche qu'à «boucher» un creux à l'heure du «break» de midi. Ce tempo ne se limite point au midi traditionnel, mais se prolonge tout au long de la journée et une partie du soir, après avoir déjà démarré au milieu de la matinée même. Petits et grands, hommes et femmes, de situations sociales très diverses et autres personnes âgées, ne se privent plus de cette «pizza» dont le secret a été importé du pays de la «Louve» romaine où est née cette galette de pâte à pain au goût et aux parfums très méditerranéens et qui fait «baver», c'est le cas de le dire, nombre de pays, loin du soleil qui baigne la «Mare Nostra». Certes, la pizza «carrée», que l'on vend en Algérie et ailleurs en Afrique du Nord, est incomparable, et pour cause, à la star de la cuisine italienne bien sûr. Celle-ci est certainement la spécialité italienne la plus consommée dans le monde. A la base, rien de plus simple: une pâte à pain que l'on recouvre de sauce tomate (sauf pour la pizza blanche) et d'une garniture que l'on peut varier à l'infini, avec le mariage «magique» de divers ingrédients où le fromage et la tomate trônent allègrement sur le plat, comme au creux du palais des gourmets les plus farouches. A cela, les petites échoppes, qui ont remplacé plus ou moins les fameux «quatre saisons», qui avaient inondé les quartiers modestes des villes, proposent aussi de la «garantita» ou le «street food algérien» comme surnommé par certains. Encore une autre gourmandise venue d'un autre pays méditerranéen qu'est l'Espagne pour s'introduire, d'abord en Oranie (ouest du pays), avant de se répandre à travers tout le territoire. Appelée aussi la «calentica», la «karantika» ou encore la «garantita», c'est un plat algérien d'origine hispano-oranaise fait à base de de pois chiches ayant l'aspect d'un flan. Fréquemment vendue par des marchands ambulants dans les grandes villes d'Algérie, elle se consomme chaude de préférence et aujourd'hui souvent en sandwich.