La prestation de Bouteflika était une réussite, tant sur le plan psychologique que politique. «Je suis sain et sauf. Il n'y a aucune place pour la rumeur et le doute», a déclaré le chef de l'Etat à l'entame de son discours devant les cadres de l'Ugta. Cette déclaration ferme définitivement la porte aux spéculations qui ont couru ces dernières semaines sur la santé du président. D'autant que l'homme a joint le geste à la parole, tenant pendant plus d'une heure 45 minutes le perchoir et restant debout pendant près de deux heures si l'on compte la cérémonie de remise de distinction. Le chef de l'Etat donnait, ce jeudi, l'impression d'être dans un état de santé parfait. Pourtant, les observateurs avaient parié sur un discours succinct ne dépassant pas les 45 minutes. Mais c'était apparemment méconnaître l'homme qui, pour son premier discours depuis sa sortie d'hôpital, a semblé vouloir prouver au monde entier et plus particulièrement aux Algériens, que la parenthèse de la maladie est bel et bien fermée et qu'il n'était plus question de laisser place à la rumeur concernant cette question précisément. Ainsi, à partir d'avant-hier, soit au lendemain de l'examen par le Conseil du gouvernement de l'ordonnance portant réconciliation nationale, le chef de l'Etat affiche clairement la couleur, annonçant, de fait, son contrôle des affaires de l'Etat. La prestation de Bouteflika, qui s'apparente aisément à celle des grands jours, était donc une réussite, tant sur le plan psychologique que politique. Et pour cause, l'homme se devait d'être à la hauteur sur les deux tableaux, à savoir démontrer ses pleines capacités physiques et intellectuelles et affirmer son retour effectif sur la scène nationale. Bouteflika a convaincu les présents à la salle de conférence du Palais des nations et l'ensemble des Algériens qui attendaient un signe fort du président de la République. Du bain de foule d'Alger, le 31 décembre dernier, à la présidence du premier Conseil des ministres quelques semaines plus tard, jusqu'à ce jeudi, le chef de l'Etat a opéré un retour graduel sur le terrain politique, démontrant par là même, son intention de ne céder ni aux rumeurs insensées ni, encore moins aux folles spéculations qui, même si elles avaient considérablement baissé en intensité, n'en étaient pas moins colportées par certains cercles intéressés. Lesquels avaient d'ailleurs interprété «à leur manière» les divergences, apparues, ces dernières semaines, au sein de l'alliance présidentielle, notamment sur la question des salaires et la refonte de la Constitution. Tranchant hier sur la question des salaires, le président a mis un terme à la querelle des «alliés» et il y a lieu de s'attendre à ce que les trois partis de l'alliance fassent cause commune dans le cadre de la promotion des textes relatifs à la réconciliation nationale, dont l'endossement par le Conseil des ministres est imminent. Ainsi, la «démonstration» de Bouteflika clot un épisode quelque peu trouble du parcours de l'alliance présidentielle et remet les pendules à l'heure quant à la stabilité des institutions de la République.