Près de 50% de ces jeunes sont au chômage. La commune de Timizar dans la daïra de Ouaguenoun est l´une des communes les plus peuplées avec 35.000 habitants. Le chef-lieu, Souk El Had est également des plus déshérités. La commune dépourvue de ressources, quasiment enclavée, avec un réseau routier des plus dégradés fait figure de commune en voie de sous-développement, à reprendre les termes de son maire. Le président de l´APC, M.Mehala Lounis, en parle avec une certaine tristesse dans la voix. C´est qu´il y a tant à faire et la commune n´a pratiquement pas les moyens de ses ambitions. Regards sur la commune Quand on veut aller à Timizar on peut prendre plusieurs chemins. Soit on emprunte la RN 71 qui traverse la partie nord de la commune, soit on s´y rend par fourgon depuis Fréha ou encore on emprunte l´un des deux cars privés qui assurent la liaison entre Tizi Ouzou et le chef-lieu de la commune. La RN 71 étant une route prise en charge par les services de la direction des infrastructures de base ce sont les CW 6 et 12 qui sont le plus à plaindre, notamment le CW 12 qui passe par Abizar, et qui nécessitent une certaine prise en charge tant ils sont réellement dégradés. L´autre problème d´importance est certainement l´eau potable. Selon le maire, «le réseau s´avère nettement insuffisant en plus de la vétusté des canalisations. Certes une quinzaine de châteaux d´eau sont présents dans la commune mais la majeure partie des gros villages et également le chef-lieu souffrent le martyre. Un crucial manque d´eau est ainsi recensé à Abizar ainsi que dans d´autres villages de la commune et aussi dans les hameaux entourant le chef-lieu de commune. C´est également le cas de Nejia, Tighilt-Ferhat, Boudrar pour ne citer que ces lieux». Le maire assure que ces villages et hameaux sont pour certains ravitaillés par camions citernes alors que d´autres comptent sur eux-mêmes et dans le meilleur des cas se rabattent sur des puits privés ! Encore que, comme le signale un propriétaire de l´un de ces puits, «tout cela dépend de la pluviométrie!» L´autre chancre de la commune est le chômage des jeunes. Près de 50% de ces jeunes sont au chômage et en sus ils ne trouvent aucune structure de loisirs en mesure de les occuper. Pas de stade, pas de salles de jeux, bref, la seule structure existante est cette Maison de jeunes pratiquement totalement dégradée et que le maire rêve de réhabiliter «mais avec quoi? La commune n´a aucune ressource», dira-t-il. Le secteur de l´éducation semble le mieux loti avec 16 écoles primaires, 4 collèges et 1 lycée. Cependant, tout le monde se plaint du ramassage scolaire. Le maire affirme que la commune ne possède qu´un microbus et deux camions affectés au transport, mais il semble que l´adjonction de deux microbus ferait la joie de tous. C´est que les villages et les hameaux de cette commune sont épars et le ramassage scolaire pose beaucoup de problèmes. Aujourd'hui, ce service est un véritable casse-tête pour la commune car très déficient. L´autre projet de la commune et qui semble poser un problème de disponibilités budgétaires est certainement l´assainissement. En effet, au niveau de la mairie on évoque le cas de ces réseaux d´assainissement soit mal achevés soit encore mal entrepris et qui aujourd'hui, aussi bien au chef-lieu que dans les villages, demandent réhabilitation. Le secteur de la santé est malade à Timizar et les populations éprouvent de véritables difficultés à se soigner. D´ailleurs, les cas graves sont évacués soit à Azeffoun soit à Azazga avec ce que cela implique comme déplacements et pour les malades et pour les portefeuilles. Au chef-lieu, il y a un centre de santé mal équipé et qui reçoit beaucoup de monde alors que les salles de soins des villages sont quasiment inopérantes. Fort heureusement que des cabinets de médecins privés installés au chef-lieu et à Abizar sont au service des populations. Le maire dit vouloir une polyclinique et aussi la réhabilitation des structures existantes mais encore une fois il semble limité par les disponibilités financières. Espoirs et doutes La commune de Timizar, bien comprendre Timizar N'Sidi Mansour du nom du saint protecteur de la région, est insérée dans un cadre champêtre des plus agréables. Mais les gens voient en cette commune et en le chef-lieu un genre de cité dortoir. «Aucune structure n'existe sur place», insiste le maire. Et de citer: «La santé c´est à Azeffoun, la justice c´est à Azazga, l´énergie c´est à Tigzirt et l´agriculture est à Fréha! Aucun service n´est installé à Timizar.» De même la commune, selon le maire, est comme victime d´une sorte de discrimination en ce qui concerne les PCD. Ainsi et toujours selon le maire, «la commune souffre car abandonnée pratiquement à elle-même sans élus depuis des années. Alors qu'au regard des communes, moins peuplées et surtout mieux nanties, la commune s´est vue attribuer une enveloppe de 21 millions de DA alors que rien que pour la réhabilitation des chemins et autres routes il en faut au moins dix fois plus.» Au plan de la sécurité, le maire regrette que la commune soit sans police, car mis à part le détachement de la police communale, il n´existe ni commissariat de police ni gendarmerie à Timizar. D´où, assurent des sources, l´extension des agressions, des vols de voitures et de bétail sans compter les autres infractions. La région qui était un havre de paix glisse vers des rives moins paisibles au grand dam de la population. Timizar, cette commune du bout de l´oubli est en train de souffrir certes, mais elle n´est guère la seule en Kabylie. Mais à Timizar, les gens de modeste condition et n´ayant guère de ressources attendent tout de l´Etat: les routes, l´eau, le transport scolaire, l´école et la santé sans compter l´habitat! Timizar est une commune qui rêve d´un avenir ; elle en a les possibilités et ses habitants en ont les moyens pour peu qu'ils trouvent une aide.