L'Algérie rassemble la logistique et l'infrastructure qu'il faut pour mener la bataille. L'alerte est maximale. L'ennemi virtuel H5N1 avance rapidement et gagne du terrain. Il a atteint le Niger, un pays voisin limitrophe de la frontière sud. C'est la veillée d'armes au niveau du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. La guerre a été officiellement déclarée. Une réunion, qualifiée de «stratégique» par un cadre du ministère, a regroupé dans l'après-midi du lundi, les inspecteurs vétérinaires des 48 wilayas du pays, les responsables des laboratoires vétérinaires régionaux, l'Institut national de la médecine vétérinaire ainsi que les cadres et les directeurs centraux du département de Saïd Barkat. Objectif principal: rassembler la logistique qu'il faut pour la bataille contre le virus H5N1 et établir une stratégie d'action. Il s'agit d'examiner, comme dans toute situation de guerre, les différents volets d'intervention d'urgence. Les conclavistes espèrent repousser la menace comme, cela a été le cas lors de la lutte contre l'invasion des criquets, il y a deux ans, la maladie de la vache folle durant l'anée 2000 ou encore la maladie du charbon en 2002. Mais cette fois, «l'ennemi» est à la fois invisible et imprévisible. Les experts vétérinaires de cinquante pays européens ont d'ailleurs regretté hier, le peu de connaissances disponibles sur le vecteur de la grippe aviaire, plus de deux ans après le déclenchement d'une crise sanitaire qu'ils voient s'installer dans la durée. De ce fait, le fil qui suspend l'épée de Damoclès devient plus ténu au niveau des pays où l'infrastructure médicale fait cruellement défaut comme c'est le cas au Niger et en Ethiopie. Mais l'apparition de l'épizootie a été confirmée hier, dans d'autres pays européens notamment la Russie, la Suisse, la Géorgie, à Sarajevo, en Ukraine, Suède. Les participants à la réunion du ministère de l'Agriculture ont passé en revue le rôle de chaque intervenant et de chaque maillon de ce dispositif ainsi que les questions liées à la coordination intersectorielle. Sur le terrain, c'est le branle-bas de combat. L'Algérie rassemble l'infrastructure médicale et la logistique nécessaires pour faire face à la crise et mener la bataille. Et tous les maillons d'intervention dans cette crise ont été mis en alerte rouge depuis lundi. Les zones humides sont mises sous contrôle par un dispositif de surveillance active. Les mouvements des oiseaux migrateurs sont épiés. Des captures ont été recommandées pour des prélèvements sanguins chez les oiseaux sauvages pour la recherche du virus. Près de 1000 prélèvements ont été effectués à ce jour et les résultats sont négatifs. Cette surveillance a été renforcée et élargie aux volailles domestiques se trouvant à l'intérieur des zones humides. Il y a une semaine, il a été recommandé, dans une ordonnance ministérielle, le confinement des volailles domestiques. Cette recommandation a été particulièrement destinée aux régions des zones humides. Les labo-vétérinaires sont mobilisés pour effectuer des diagnostics et équipés de même qu'ont été équipées les inspections vétérinaires des wilayas en matériel de protection, de prélèvement et de désinfection. Les collectivités locales ont été instruites pour procéder au recensement exhaustif des élevages de volailles, y compris ceux du type traditionnel et familial. Sur le plan organisationnel, il est rappelé l'installation d'une commission nationale de veille, de suivi et de lutte contre la grippe aviaire avec des commissions de wilaya. Cette commission est chargée notamment de mettre en oeuvre le plan national d'intervention intersectoriel et d'assurer la coordination entre les différents secteurs et institutions dans l'exécution de ce plan. Dans cette crise, ce sont les aviculteurs qui perdent leurs plumes. Dans un cri d'espoir, ils ont interpellé, lors de leur ultime réunion tenue hier à l'hôtel Hilton, le ministre de l'Agriculture «pour d'éventuelles indemnisations, dans cette situation catastrophique qu'ils subissent». Des dizaines de milliers de poussins sont quotidiennement incinérés faute de preneur en cette période de panique généralisée. Dans l'affaire, c'est toute la filière avicole qui prend un sérieux coup. Une filière qui fait vivre plus de 100.000 familles, selon le chiffre avancé par les services du ministère de l'Agriculture.