A la veille de la réunion de l´Aiea, l´Iran se trouve plus que jamais menacé de voir son dossier transféré au Conseil de sécurité. Le Conseil des gouverneurs de l'Agence de sécurité nucléaire de l'ONU (Aiea) se réunit demain à Vienne avec en tête de chapitre le dossier nucléaire iranien en débat depuis plus de trois années. Ces derniers jours des négociations se sont déroulées à Moscou et à Téhéran dans l'optique d'amener l'Iran, selon Moscou, à revenir au moratoire et au protocole additionnel du TNP. Ces négociations, qui se sont achevées ce vendredi, n'ont donné lieu à aucun communiqué, avec cependant l'annonce, par Téhéran, d'un «accord total» russo-iranien sur les points en discussion. Un responsable iranien, membre de la délégation qui négocia à Moscou, s'exprimant sous l'anonymat a déclaré que «L'Iran et la Russie sont arrivés à un accord total sur un paquet qui comprend toutes les demandes de la communauté internationale, de l'Iran et de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea)», et d'ajouter : «Le détail de ce paquet a été soumis aux Européens et nous attendons qu'ils donnent une réponse claire à cette proposition complète». Toutefois, cette annonce n'a pas été confirmée du côté de Moscou où le mutisme était encore observé hier. Ainsi, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré, vendredi, «Je n'en ai pas entendu parler. Je présume que c'est possible, mais je ne veux pas faire des conjectures». M.Lavrov, répondait à une question sur cette percée présumée. De fait, lors de la réunion, vendredi à Vienne, entre la troïka de l'UE3 (Allemagne, France, Grande-Bretagne) et l'Iran, il est rapidement apparu que les positions demeuraient éloignées, l'UE3 ne trouvant pas un terrain d'accord avec Téhéran, ce qui amena les Européens à constater l'échec. Cette situation met de fait l'Iran au pied du mur, ouvrant dans le même temps la possibilité de transfert définitif du dossier nucléaire iranien au Conseil de sécurité. Aussi, la réunion de demain sera cruciale pour l'Iran qui y joue gros, selon les analystes et observateurs. A Vienne, les diplomates européens n'ont pu que constater les désaccords subsistant entre eux et le chef de l'organisme nucléaire iranien, Ali Larijani. Ce qui a fait dire au ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, dont l'ambassade à Vienne était l'hôte de la réunion, «Les conversations ont été constructives mais n'ont pas permis d'accord» et «le temps presse». De fait, les discussions butent sur l'exigence occidentale (Etats-Unis et Union européenne) de suspension par l'Iran de ses recherches sur l'enrichissement de l'uranium alors que Téhéran, qui ne cesse d'affirmer que ces recherches ont pour seul but le nucléaire, estime de son droit -comme le permettent les protocoles du TNP- de les poursuivre. Or, les Occidentaux soupçonnent fortement l'Iran de cacher ses ambitions militaires derrière un programme nucléaire civil. Aussi, la réunion de demain du Conseil des gouverneurs -dominé par les cinq pays nucléaires officiellement déclarés (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne)- sera importante dès lors qu'elle va sans doute entériner le rapport du 4 février dernier au Conseil de sécurité -résultat de l'accord trouvé entre les cinq pays nucléaires- tout en donnant une ultime chance à l'Iran avant de recommander que des mesures soient prises à New York. Selon le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy «Ces demandes (de sanctions) sont très explicites dans le rapport» du directeur de l'Aiea Mohamed El Baradei «que le Conseil de sécurité va examiner dans les prochains jours» indique le chef de la diplomatie française. Alors que la Russie et l'UE3 faisaient une dernière tentative pour amener Téhéran à se plier aux demandes internationales, les Etats-Unis, qui en appellent directement au Conseil de sécurité ont soutenu «sans illusions» la rencontre de Vienne laquelle s'est achevée par un constat d'échec. Au moment où Téhéran est plus que jamais menacée de voir son dossier renvoyé devant le Conseil de sécurité, le chef de l'organisme nucléaire iranien Ali Larijani, a affirmé hier que l'Iran ne «cèdera pas à l'intimidation et à un renvoi devant le Conseil de sécurité des Nations unies» afin de préserver ses activités de recherche sur l'enrichissement d'uranium. «Le but de nos négociations avec la Russie et l'Union européenne était de maintenir et préserver la recherche que nous avons entamée», a indiqué M.Larijani devant la presse à son arrivée hier à Téhéran, en provenance de Vienne.