À la suite de la défection de Si Samir Chaâbna et en prévision de la désignation d'un successeur, je voudrais contribuer de par ma longue expérience professionnelle, (43 années de bons et loyaux services) à la gestion de ce secteur. Ayant été en charge directe, de la Communauté nationale en Belgique, en France, au Maroc et en Tunisie, sans prétention aucune, je voudrais apporter quelques suggestions à ses préoccupations... Puis j'ai pris connaissance de la bonne nouvelle de la prise en charge du rapatriement des dépouilles mortelles algériennes. Sur cette question, il y a une réponse financière qui peut éviter le poids du fardeau par rapport au budget de l'Etat. En plus de cette question sensible et humaine, il y a les autres points aussi importants les uns par rapport aux autres: -les prix des billets à destination de l'Algérie, -de la gratuité des transferts des corps, (la question semble être réglée), -des questions douanières et -des logements en Algérie. 1) Transfert de fonds Le geste hautement appréciable Ensuite, je crois pouvoir avancer que pour être entendue, la Communauté nationale à l'étranger doit se distinguer par le geste hautement appréciable par le peuple et les gouvernants, à savoir un effort remarqué concernant les transferts de fonds vers l'Algérie, actuellement insignifiant, (1 million de dollars/an) si l'on compare aux voisins maghrébins, les Marocains dont le transfert est de plus de 3 milliards de dollars par an vers le royaume et les Tunisiens environ 2,7 milliards de dollars annuellement, alors que la population émigrée algérienne est dix fois supérieure. 2) organiser la diaspora La première tâche du successeur à ce département ministériel est d'examiner la manière de mettre en oeuvre un plan pour organiser, disons-le en termes clairs, un lobby de la diaspora pour défendre les intérêts des Algériens résidents, particulièrement en France où se trouve l'écrasante majorité des émigrés qui, avec les binationaux, peut constituer une force incontournable de défense et de sauvegarde des intérêts de la diaspora algérienne dans la politique intérieure des pays d'accueil du monde occidental. Cette force serait chapeautée par un exécutif indépendant, insoumis aux Etats concernés, de direction et d'orientation qui pourraient peser politiquement au même titre par exemple que le Crif en France. Il n'est pas interdit de rêver? Il y a 30 ans, avec un groupe de diplomates présents en France, sur la base de la loi française de 1905, les Algériens ont été invités à s'organiser à travers des associations dans le but de défendre leurs intérêts au sein de la société française. Ce travail a été accompli grâce à la présence de l'Amicale pour la mobilisation des bonnes âmes. Tout le monde était heureux de voir naître des lobbies algériens susceptibles d'aider la Communauté nationale à vivre en paix dans le pays d'accueil. Quelle a été notre surprise de voir ces lobbies jouer et servir le partenaire en Algérie, notamment sur le plan économique? Il est grand temps d'expliquer, plutôt de convaincre notre émigration, notamment celle vivant dans le monde occidental de ne pas ignorer la réalité évolutive irréversible des relations internationales dans un monde entré dans un processus accéléré de changement irrévocable. Traduction: il est temps pour elle de se prendre elle-même en charge et d'éviter l'assistanat devenu presque impossible d'un Etat confronté à une rude phase de gestion d'une crise multidimensionnelle. Transfert des dépouilles mortelles 3) prix des billets de voyage par voie aérienne: il y a quelques années avec un pays européen, la compagnie nationale algérienne travaillait en poult avec la compagnie nationale de ce pays européen. Au départ de cette capitale européenne, les Algériens voyageaient sur Air Algérie parce qu'ils voulaient éviter de payer l'excédent de bagages en suppliant le représentant d'Air Algérie, d'exonérer ou de réduire le montant à payer. Mais au retour, ils utilisaient la compagnie du pays d'accueil et les avions d'Air Algérie partaient d'Alger pratiquement vides. C'était un comportement inadmissible. Combien de fois à travers des rencon-tres, l'attention a été attirée de mettre fin à de tels agissements. Enfin, pour cette question, il faut étudier probablement un système de charter, (avec billet fermé valable un mois, où l'aller et le retour sont fixés), durant une période donnée, (estivale) où les prix établis sont compétitifs avec la rude concurrence pour faire bénéficier les Algériens résidant à l'étranger et pouvoir se rendre en Algérie. 4) Transfert des dépouilles mortelles algériennes Cette question est préoccupante en dehors de l'espace européen. En effet, pour la France, il existe des associations dirigées par des Algériens qui offrent le rapatriement des dépouilles mortelles vers l'Algérie sur la base d'une cotisation à la portée des Algériens avec deux billets offerts aux accompagnateurs de la famille du défunt. Les ministres qui se sont succédé dans le secteur, ont voulu contracter une assurance globale de couverture de cette question, mais c'était peine perdue. Il y a comme une rupture de confiance entre l'Etat et la Communauté nationale. Ces responsables n'ont pas tenu compte de la volonté individuelle. L'Algérien n'aime pas qu'on lui dise de faire ou de ne pas faire. L'assurance contractée individuellement auprès des associations algériennes de pompes funè-bres est sécurisante, rentable et renouvelable annuellement. Par ailleurs, beaucoup d'Algériens, issus d'une même région, cotisent à des caisses noires de leurs villages pour faire face à cette éventualité. C'est le cas particulier des Kabyles. Pour ce qui est de la France, la cotisation, offerte sur les lieux, est plus rentable pour l'individu et l'Etat. Cependant, je suggère une voie susceptible d'intéresser les deux partenaires. La frange des Algériens clandestins Le problème se pose pour la frange d'Algériens clandestins, en situation illégale en Europe. Pour alléger le fardeau de la dépense sur le budget de l'Etat et couvrir en cas de décès, tous les Algériens, qu'ils soient résidents, en situation illégale ou en qualité de touristes, à travers la pose d'un timbre fiscal sur chaque carte d'immatriculation, une forme de cotisation dérisoire, (de 3 ou 5 euros), qui alimenterait une ligne de crédit ouverte sur chaque budget du consulat ou de la section consulaire d'une ambassade pour couvrir la dépense de rapatriement de la dépouille mortelle en Algérie. On pourrait même se permettre éventuellement d'élargir le bénéfice aux vivants se trouvant en difficulté de rapatriement faute de pouvoir financer leur retour à la patrie, (par exemple les clandestins qui décident de leur retour. Encore faut-il annuler la disposition qui figure dans les recommandations inscrites sur le passeport qui met en garde le ressortissant algérien que les services consulaires ne procèdent pas aux financements des rapatriements. Cette participation dérisoire reste du seul ressort de la Communauté nationale à l'étranger du monde occidental. Une forme de solidarité, les plus aisés payent pour les pauvres. Le cas particulier des Algériens au Maroc et en Tunisie. La majorité écrasante des Algériens au Maroc vit au dessous du seuil de pauvreté. (C'est en tout cas pour ce qui est de la communauté nationale résidant dans la circonscription de Rabat dont j'avais la charge pour les Affaires consulaires). On n'est pas loin de ceux vivant en Tunisie, tous issus pour ces derniers du Grand Sud. Pour ceux d'Oujda et de sa compétence territoriale consulaire, la dépouille mortelle doit voyager par avion d'Oujda sur Casablanca pour prendre la voie aérienne sur Alger puis dans les mêmes conditions sur l'Ouest du pays, (Tlemcen ou Oran). Le mort ne sentira pas l'extrême fatigue de ce long itinéraire alors que le cimetière est à moins de cent kilomètres, par contre la famille réfléchira à trois fois avant de décider le transfert du corps. Il en est de même pour ceux d'Adrar vivant en Tunisie. La frontière terrestre algéro-tunisienne est ouverte, mais elle intéresse la wilaya d'El Oued surtout pour les résidents algériens (majoritairement originaires de cette wilaya à Gafsa, (consulat), à quelques kilomètres d'Algérie. 5) Logements L'Etat devrait réserver un quota à l'émigration dans le cadre des logements en location vente avec une participation ou un apport financier en devises à fixer d'un commun accord. 6) Les questions douanières: une voiture L'émigré doit bénéficier de l'importation d'un véhicule de moins de trois ans d'âge, tous les quatre ans pour ses besoins personnels en Algérie donc incessible pour cette durée. Elle fera l'objet d'une immatriculation provisoire en transit temporaire. Elle ne peut être conduite que par son propriétaire à défaut d'une saisie pure et simple du véhicule. L'émigré trouvera à sa disposition un véhicule pour ses déplacements en Algérie. Ce bénéfice est accordé à tout Algérien émigré ou binational prouvant sa résidence à l'étranger et titulaire d'un passeport algérien. 7) Un couloir réservé à notre émigration. Un couloir peut être ouvert auprès des ports et aéroports pour faciliter l'entrée à nos émigrés, une forme de considération qui aspire au retour chaque fois que c'est possible. Voilà quelques réflexions sur les préoccupations de nos compatriotes de l'étranger.