Le Soudan a annoncé vendredi la reprise des négociations avec l'Egypte et l'Ethiopie concernant le méga-barrage en construction par Addis Abeba sur le Nil bleu, qui inquiète Le Caire et Khartoum. Le Grand barrage de la Renaissance (Gerd), appelé à devenir le plus grand barrage hydroélectrique d'Afrique avec une capacité de production de plus de 6.000 mégawatts, a provoqué de vives tensions avec l'Egypte et le Soudan, qui craignent que leur accès à l'eau du Nil n'en soit restreint. «Les négociations sur le barrage de la Renaissance entre l'Egypte, l'Ethiopie et le Soudan ont repris cet après-midi via visio-conférence», a indiqué le ministère soudanais de l'Eau dans un communiqué. Ces discussions ont eu lieu grâce à la médiation de l'Afrique du Sud, qui préside actuellement l'Union africaine (UA), a précisé le communiqué. Le Soudan et l'Egypte craignent que le barrage de 145 mètres de haut ne restreigne leur accès à l'eau lorsque le réservoir commencera à être rempli en juillet, selon la date initialement indiquée par l'Ethiopie. Le 26 juin, Le Caire et Khartoum ont assuré que la mise en eau du barrage serait reportée jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé. Mais l'Ethiopie a réaffirmé le lendemain sa volonté de commencer à remplir le réservoir de son gigantesque barrage sur le Nil «dans les deux prochaines semaines», tout en s'engageant à essayer de conclure un accord définitif avec l'Egypte et le Soudan pendant cette période, sous l'égide de l'UA. Le 20 juin, alors que des négociations qui avaient repris se trouvaient au point mort, Le Caire avait appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à intervenir. L'Egypte considère ce projet comme une menace «existentielle» et le Soudan a mis en garde contre des «grands risques» pesant selon lui sur la vie de millions de personnes. Lundi, les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont soutenu à des degrés divers la démarche de l'Union africaine pour régler la crise opposant l'Ethiopie à l'Egypte et au Soudan. L'Ethiopie voit la construction du Gerd comme essentiel à son développement et à son électrification. La construction du méga-barrage a débuté en 2011 et devrait être achevée, en principe, à la fin de l'année en cours. Elle aura coûté, selon le gouvernement éthiopien, quelque 4 milliards de dollars, dont une partie allouée par la Banque mondiale, médiateur avec les Etats-Unis, du conflit qui oppose Addis Abeba à Khartoum et au Caire.