Après la chancelière allemande Angela Merkel, Emmanuel Macron a demandé au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de renoncer à tout projet d'annexion de territoires palestiniens, une entreprise qui nuirait à la paix selon le président français, a rapporté l'Elysée vendredi, dans une prise de position pour la première fois affichée au niveau présidentiel. Lors d'un entretien téléphonique jeudi, Emmanuel Macron a «rappelé» à Benjamin Netanyahu «l'engagement de la France pour la paix au Proche-Orient et lui a demandé de s'abstenir de prendre toute mesure d'annexion de territoires palestiniens», indique un communiqué de la Présidence française. «Il a souligné qu'une telle mesure serait contraire au droit international et compromettrait la possibilité d'une solution à deux Etats comme l'établissement d'une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens». Selon l'accord conclu entre M. Netanyahu et son ex-rival Benny Gantz, leur gouvernement d'union peut se prononcer sur l'application du plan américain pour le Proche-Orient, qui prévoit notamment l'annexion par Israël de la vallée du Jourdain dans les territoires palestiniens que l'Etat hébreu occupe depuis 1967. Pour sa part, M. Netanyahu «a indiqué qu'Israël agissait selon le droit international», d'après le bureau du Premier ministre israélien. «Il a souligné que les formules du passé avaient conduit à un échec pendant plus de 53 ans et que leur répétition entraînerait un nouvel échec. Le plan du président Trump contient des idées nouvelles qui permettent de réelles avancées et Israël est prêt à mener des pourparlers de paix sur cette base. Le refus palestinien de négocier ce plan de paix et les plans précédents est ce qui empêche de les engager», a-t-il ajouté. Par la voie du ministre des Affaires étrangères Jean-Louis Le Drian, Paris avait déjà mis en garde fin juin Israël contre une telle annexion, qui «affecterait» ses relations avec l'UE et souligné que Paris restait «déterminé» à reconnaître «le moment venu» l'Etat palestinien. Et mardi, la France, l'Allemagne, l'Egypte et la Jordanie ont encore exhorté Israël à abandonner le projet, par la voix de leurs ministres des Affaires étrangères. Le Royaume-Uni s'est aussi exprimé contre le projet, pour lequel les autorités israéliennes ont une fenêtre de tir de quelques mois, jusqu'aux élections américaines, sources d'incertitudes pour le maintien du soutien américain, vu que le candidat démocrate Jo Biden y est opposé. «Nous avons passé un message clair à Israël, un message préventif, passé en coordination avec Boris Johnson et Angela Merkel, pour dire à Benjamin Netanyahu de ne prendre aucune mesure d'annexion», a souligné l'Elysée. «Des mesures graves sont envisagées, il ne faut pas les prendre, pour des raisons de sécurité, de stabilité et pour préserver la possibilité même de pouvoir négocier une solution juste et durable», a insisté la Présidence française. Répétant être favorable à une solution à deux Etats, avec chacun Jérusalem pour capitale, elle a estimé que «cela ne peut pas être le raccordement de quelques villages en Cisjordanie et éventuellement à Ghaza par un jeu de tunnels et de trains». «Le président de la République s'est dit disponible pour relancer les efforts internationaux», a encore indiqué l'Elysée. Lors du même entretien jeudi, Emmanuel Macron a «réitéré l'engagement indéfectible de la France pour la sécurité d'Israël et sa détermination à oeuvrer pour l'apaisement des tensions au Moyen-Orient. Il a exprimé son attachement à l'amitié et à la confiance qui lient la France et Israël», assure l'Elysée.