La Fédération nationale des travailleurs retraités (Fntr), affiliée à l'Ugta, s'insurge contre l'utilisation par l'Etat des ressources du système national de sécurité sociale pour la réalisation de ses objectifs socioprofessionnels. C'est ce qui est mentionné texto dans un communiqué adressé hier à notre rédaction, sanctionnant la réunion de travail de lundi dernier. Le fait démontre deux situations: un malaise toujours ressenti chez les travailleurs à propos de la politique sociale appliquée, mais aussi une Ugta de plus en plus fragilisée par le mécontentement de ses fédérations. La Fntr se dit choquée par un «comportement qui a conduit à l'instauration par l'Etat d'une confusion entre sa politique sociale et le fonctionnement de la sécurité sociale». C'est-à-dire cette confusion s'exprime, selon les rédacteurs de ladite déclaration, à travers l'effacement «voulu et imposé de toute frontière entre la solidarité nationale qui relève du champ de compétence et d'intervention de l'Etat et la solidarité collective des travailleurs actifs et retraités, qui relève du champ de compétence et d'intervention de la sécurité sociale». En un mot, les travailleurs, actifs et retraités, refusent d'utiliser le système de la sécurité sociale, un droit consacré par la loi, pour d'autres objectifs. Le reproche de la Fntr n'est pas un fait innocent. Cette organisation des retraités ne cesse, à l'instar des autres fédérations des travailleurs actifs, de revendiquer une révision à la hausse de l'allocation qui ne répond plus aux donnes économiques et sociales actuelles. Sans aucun doute, à l'origine de cette effervescence sociale qui se fait entendre de plus en plus, une transition économique mal gérée et un volet social complètement méprisé par le processus. Au moment où un nouveau taux de chômage, de l'ordre de 13,8%, scandé par les pouvoirs publics, la Fédération nationale des travailleurs retraités estime qu'il est « inquiétant d'observer qu'en matière de lutte contre ce fléau les pouvoirs publics restent foncièrement attachés à privilégier l'approche fondée sur la mobilisation des ressources alors qu'ils devraient promouvoir une politique de l'emploi ». Toute la question est d'argumenter, preuve à l'appui, la régression du taux de chômage, car la réalité du terrain est autre que celle présentée par les chiffres. La politique menée, juge la Fntr, montre que «les pouvoirs publics restent inhibés par le principe de l'ajustement et cela bien que le pays soit sorti depuis de longues années du programme d'ajustement structurel». La Fntr estime donc dans la foulée, que les pouvoirs publics aggravent les ponctions sur le système de sécurité sociale «pour, du même coup, le fragiliser et minorer sa fonction de redistribution des revenus aux assurés sociaux et leurs familles». Ainsi, la Fntr ne se garde pas d'afficher sa démarcation de la Centrale syndicale afin se consacrer uniquement pour les intérêts des travailleurs. La preuve est là d'ailleurs, force est d'admettre, souligne la Fntr, que les solutions consensuelles formulées dans le cadre de la tripartite, «sont déjà frappées d'obsolescence et que l'on se dirige tout droit par voie de conséquence vers un pacte social mort-né». Les rédacteurs du communiqué responsabilisent la centrale de Sidi Said et prévoient un risque d'effondrement des institutions de la sécurité sociale à la suite «de la crise structurelle qui affecte l'économie nationale, couplée à un chômage encore important et à la montée à la fois considérable et dangereuse du secteur informel».